<<Poésie d'un jour
"je fume des Merit"
sur la route vers la mer
un groupe de maisons en construction
ont été abandonnées
et dans mon rêve
elles reviennent
avec le chat roux
de chez moi
posé sur un rebord
de fenêtre
***
l’antiquité m’est donnée
sur cette terre insulaire
chapelle byzantine
en forme de croix
c’est Giuseppina qui
m’emmène marcher dans
la campagne
champs d’oliviers
figuiers de barbarie
leurs oreilles de Mickey
et le myrte
et les lentisques
chiasetta avec
puits romain sacré
fait corps avec le sol de l’île
au loin le bleu de la mer
ici la ligne horizontale
du volcan arasé
j’aurais voulu
naître dans le sud
***
j’ai perdu Vroum
alias Fria
mais dans la nuit
la chouette plisse l’air
du jardin
ailes déployées
c’est la nuit de San Lorenzo
les étoiles pleuvent
je fume des Merit
***
toutes ces voyelles
Traversent le citronnier
Remuent l’olivier
Un oiseau caquette
Caché dans le cyprès
Ou le figuier ?
Leopardi hier
a hanté la soirée
l’a contaminée
d’infelicità
un père mauvais/une vie
misérable/ un grand œuvre
le malheur n’est pas toujours
où l’on croit
caché comme les oiseaux
dans la haie
allons à la montagne
confier nos pauvres têtes au vent nouveau
qui s’est levé
Catherine Weinzaepflen, « Santadi » in D’Ailleurs, Éditions LansKine, Collection L’Instantané, 2024, pp.40,41,42.
Photo by - Bracha L. Ettinger
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