Le gang du CDI, c'est un ticket vers une ambiance de séries tv-teenage fantastiques: une équipe improbable qui n'a pas d'autre choix que de lutter contre les forces du mal à coup d'amitié, d'humour noir et de courage du désespoir. C'est génialement addictif. C'est une dose de "freak" savoureuse, de monstruosités qui dénoncent les travers de la société en même temps.
Dans ce troisième volume, on retrouve ce collège aux relents de souffre, et ce groupe de parias devenus héros des situations paranormales. On se centre cette fois sur le personnage de Nadia, et sur une horde de corbeaux maléfiques qui enlèvent un élève et mettent en lumière la terrible souffrance de la solitude qui peut mener à de dramatiques extrémités.
"Chez elle, Nadia est souvent seule car ses parents sont sans cesse en voyage.Heureusement, au collège, elle peut compter sur ses amis du Gang du CDI pour lui faire oublier cette solitude. Le roman démarre dans la cour de l'établissement qui est soudain envahie par des corbeaux qui s'en prennent aux élèves. Nadia se précipite alors pour sauver un collégien prisonnier des griffes des volatiles. Il s'appelle David et disparaît dans cette attaque. Le Gang du CDI décide aussitôt de mener l'enquête, qui va réveiller chez Nadia des souvenirs qu'elle a longtemps refoulés : ses tourments, une paire de ciseaux dans sa salle de bains, des scarifications, une expédition dans la nuit hors de la ville en direction des collines, une caverne et un mystérieux homme-corbeau... Nadia l'a vu l'année précédente, quand elle était traversée d'idées noires. Elle comprend que David est là-bas, en danger, et elle se lance avec ses amis à sa recherche..."
J'ai été carrément fascinée par le personnage de Nadia, gothique à sombre carapace. Lourds secrets, terrible solitude juste brisée par cette lumière collective du gang du CDI. Un personnage fort avec de terribles fissures, captivante.
Dans ce roman plus sombre que les précédents, Vincent Mondiot déchaîne les forces du mal et expose les plaies physiques et mentales du mal-être adolescent. Solitude, manque d'estime de soi et jusqu'aux scarifications et pulsions suicidaires. Il y aura donc des avertissements à faire aux lecteurs, mais ces sujets sont traités avec l'importance nécessaire, comme un mal à combattre absolument. En même temps que les profondeurs diaboliques de cette ville décidément très étrange. Et avec des potes dans un endroit plein de livres et de références de pop-culture, si possible.
La prof-doc en moi a juste été titillée par les confusions avec "bibliothécaire", qui n'étaient que des tentatives d'éviter les répétitions. Et renforcée dans l'idée que nos CDI -comme les fictions qu'on y trouve- sont des lieux-refuges importants dans la construction des ados.
Le gang du CDI T.3: la solitude du corbeau, Vincent Mondiot, éditions Actes Sud jeunesse (septembre 2024), 133p., 10,90€, à partir de 11 ans selon l'éditeur fond image: freepik.com