<< Poésie d'un jour
" Nous jouissons dos à dos."
Photo: G.AdC
Je te regarde danser dans une nuit en
ruine. Il ne reste d’ici que des débris de
peaux. On se mouille le doigt pour mieux
les ramasser : goûter encore la chaleur
d’un sexe. La bestialité de la vie. Je te
regarde danser sous un éclairage nu.
Finalement, le matin a perdu ses
couleurs de matin. La fenêtre les a
bues. Ou seulement effrayées si des
monstres ont grandi au voisinage des
corps. Finalement le matin n’a rien
dans le ventre et l’univers songe creux.
Nous jouissons dos à dos.
….
Il n’y a plus de ciel. Seulement ce linge
tendu sur nos corps, comme un appel à
la pudeur. Il n’y a plus de ciel mais tu dis
ressentir encore la rondeur des collines,
le velours d’un lac de montagne. Les
lèvres qui soudain se frôlent en cadence.
La beauté de l’orage dans tes yeux est
ce rêve que le petit jour n’altère pas.
Je t’observe à la dérobée et le trouble
sillonne le long d’une crête. Les
éclairs creusent l’isolement. Nos corps
lentement s’étirent sur un fond de
blancheur.
Je cherche un peu de rose dans le ciel
automnal. La douceur des matins où tu
somnoles sur a terrasse. Les épaules
chaudes de soleil. Les seins en relevant
la courbe. Je cherche un peu la vie
d’avant dans le plat de nos ombres.
Jean-Badiste Pedini, Un monde à nu, Collection verte, Cheyne éditeur 2024, pp. 42,43,46,47,48.
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JEAN-BAPTISTE PEDINI
■ Sur Terres de femmes▼
→Le Ciel déposé là, L’Arrière-Pays, 2016
→Suivre l’océan, Œuvres de l’artiste Maria Desmée, L’Ail des ours / n° 17, Collection Grand ours 2022
■ Voir aussi ▼
→ (sur Ce Qui Reste) une page sur Jean-Baptiste Pedini
→ Prendre part, le site de Jean-Baptiste Pedini
→ une lecture du Ciel déposé là de Jean-Baptiste Pedini, par Marie-Josée Desvignes