Il est mort…
Après des années de présence à mes côtés, il a décidé de partir pour un autre monde.
Je ne l’entendrai plus, je ne lui parlerai plus, je n’attendrai plus, fébrilement, qu’il se manifeste… Cela faisait quelques temps qu’il montrait des signes évidents de fatigue qui annonçaient cette issue tragique. Son manque d’autonomie de ces derniers temps m’avait alertée quant à son état préoccupant…
Il n’entendra plus toutes ces bêtises qu’on pouvait dire avec mes amies. Il ne supportera plus nos rires de bécasses en phase d’ovulation. Les interrogations dignes de figurer au palmarès des questions les plus bêtes ne seront plus son quotidien.
Il ne sera plus là quand j’aurai un coup de blues, pour me forcer à appeler des proches. Mes larmes ne couleront plus sur lui. Il n’entendra plus, non plus, les coups de déprime des gens qui m’entourent. Tout ne sera que silence.
Il n’aura plus à écouter, non plus, les discussions entre profs… et ça, je crois que ça doit le réjouir. Quand, dans une même soirée, il devait supporter une série de débats avec mes ami(e)s et, qu’ensuite, du blabla de prof venait se greffer à tout ça, ça le fatiguait franchement.
Il était déjà près de moi quand je vivais en couple. Il a fait le choix d’être avec moi dans la séparation puis d’habiter mon quotidien de mamancélibataire. Ah, il en a vu et en a entendu des hommes, des femmes, des copains et des copines, des ami(e)s, des potentiels amoureux, des namoureux en CDD… Il les a tous connus…
Nous ne ferons plus de parties de cache cache passionnantes où je criais dans la maison « Mais où est-il ? »… C’est fini…
Je ne laisserai plus des traces de maquillage sur lui ; avec son habitude de toujours être en blanc, forcément, ça tâche…
Je ne lui parlerai plus de ces petits boutons qui le caractérisaient si bien… C’était tellement lui…
Je ne l’emmènerai plus dans ma chambre… Finies les longues conversations au fond du lit, le soir tard, la lumière éteinte pour mieux profiter de ce moment.
Je ne le tiendrai plus nerveusement au creux de ma main. Je ne me collerai plus contre lui pour mieux l’entendre. Je n’aurai plus mal à l’oreille à force de l’écouter.
Je ne lui dirai plus que je ne suppporte plus d’écouter sa musique. Je ne lui chanterai plus « Gaston, y a le téléfon qui son et y a jamais person qui y répond »…
Je regarderai la place qu’il a laissée vide avec nostalgie…
Mais non, je ne pleurerai pas… Je suis une femme forte et il n’aurait pas aimé sentir mes larmes… Je résisterai. Je retiendrai mes sanglots.
Après des années de bons et loyaux services, il a décidé de partir pour un autre monde. Adieu mon cher téléphone Doro Matra. Emporte tous tes secrets dans ta tombe. Repose en paix au paradis des téléphones sans fil. Que le Dieu France Télécom veille sur toi à tout jamais.