Magazine Journal intime

Ca dans la peau

Publié le 30 août 2008 par Mirabelle
Mon cher Victor,
Ca dans la peau
La voilààààà ! Alors ? On était parti en vacances sans me prévenir ?! C'est bien mon droit quand même ! Excuse-moi... Je pensais que tu tenais suffisamment à moi pour me mettre au courant ! Arrête, Victor : on dirait un vieil amant jaloux ! Pfff... C'est très drôle, ça, vraiment... Alors que je pourrais être ton arrière-arrière-arrière-arrière-arrière... Stop ! J'ai compris l'idée principale, merci beaucoup !

Ne tournons pas autour du pot : mardi, c'est la rentrée des classes. Tu vas pouvoir te rendre utile, c'est bien ! Comme tu le sais, j'étais (jusqu'à très récemment) dans l'incertitude quant à mon sort de T2. Oui... Tu es patrouille, non ? Non, pas patrouille : brigade ! Ca veut dire quoi, brigade ? Ca veut dire que je suis remplaçante, sur des périodes plus longues que... Que quoi ? Cela ne sert à rien que je continue ma phrase : tu ne vas pas comprendre et après, on ne va pas plus s'en sortir ! Dis quand même ! Tu l'auras voulu... Etre brigade, c'est donc faire des remplacements plus longs (en théorie) que les ZIL. Ah... Tu vois, tu n'es pas plus avancé ! Et puis si je m'embarque là dedans, on en a pour la nuit...
Bref. Ce qu'il faut retenir, c'est que je craignais d'être envoyée à l'autre bout du département, ce qui aurait pu se produire. A voir ta mine réjouie, tu as dû échapper à l'éloignement une fois de plus ! Figure-toi qu'hier matin, j'ai reçu un coup de fil de la maison-mère, l'Inspection Académique. Et ? Et... Et ? Et... Arrête ton petit jeu ! Tu n'es pas rigolo, aujourd'hui... Et j'effectuerai un remplacement jusqu'au mois d'avril (de quoi me sentir vraiment maîtresse), dans une classe de CE1 (donc, simple niveau !) comptant 21 élèves au bataillon. Ooooh ! Mais dis-moi, il semblerait que tu entres dans une période tout à fait plaisante ! Ne rosis pas ainsi, Mirabelle ! Au fait... Où ça ? A dix minutes à pied de chez moi ! C'est le rêve, alors ! Si ça n'est pas un rêve, on n'en est pas loin tout de même !

Hier après-midi, je me suis rendue dans cette école le coeur battant, prête pour de nouvelles aventures. C'est une vieille école, comme je les aime. Un ancien pensionnat de filles. Ma classe est minuscule mais charmante, avec des rangements. J'ai essayé la craie sur le tableau, en souriant. Ca m'avait manqué. J'ai vu ces tables vides, sans le crépitement des trousses, sans le chuchotis des voix d'enfants. J'ai trié mes fournitures, disposé mon matériel, ces petits bonheurs interdits l'année dernière quand j'avais débarqué, paniquée, une semaine après la rentrée à l'école de C. J'ai eu le temps de m'interroger sur les casiers, de bouger les meubles, de découvrir les trésors de la BCD... J'ai pris le temps de caresser le bois des grands escaliers d'un autre temps, du bout des doigts, de m'en imprégner, d'admirer la cloche dodue (et un peu rouillée !) de la cour de récréation...

Et les collègues ?
Je n'en ai pour l'instant vu que trois, mais le contact est très bien passé. J'étais comme un poisson dans l'eau, ravie, affairée, motivée. J'ai couru aux quatre coins de l'école, griffoné des tas de choses, transporté des cartons, feuilleté des livres, mémorisé des clés et des portes. Et puis... J'ai papoté longtemps avec les collègues !  Oh, je veux bien te croire... Quand tu es lancée, tu es intarrissable ! En résumé, j'étais à fond dedans. C'est le métier qui rentre, il paraît. Et puis, sans doute, aussi, le plaisir d'être de retour, la bouffée d'air frais que j'attendais, celle qui me détournera de mon petit nombril. L'école, ça m'a manqué. Etre maîtresse, ça m'a manqué. J'ai ça dans la peau, il faut se rendre à l'évidence.

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