Donald Trump fachiste ?

Publié le 15 novembre 2024 par Zebralefanzine @zebralefanzine

Il est assez évident que l'étiquette de "leader populiste" s'applique au président Donald Trump, réélu après une interruption de quatre ans. La caractéristique d'un tel "leader", qu'il soit de gauche ou de droite, est de savoir répondre par des mots à l'attente d'une partie significative de la population, pas forcément majoritaire, mais la plus dynamique sur le plan politique.

Le désir des électeurs de Joe Biden et Kamala Harris était un désir "en creux", puisqu'il s'agissait surtout de résister à Donald Trump, présenté comme un épouvantail. Vous êtes déjà allé revoir un film d'épouvante ?

La position où se trouvait le parti démocrate de conduire une guerre contre la Russie et l'Iran a complètement inhibé Kamala Harris.

Cependant la revendication des électeurs de Donald Trump est assez différente de la revendication fachiste : en effet les électeurs de D. Trump réclame un Léviathan, c'est-à-dire un Etat laïc au sens où la bourgeoisie libérale, voltairienne, l'entendait à la fin du XVIIIe siècle, ignorant alors encore que l'économie capitaliste aller structurer les institutions politiques pendant deux siècles.

Assez logiquement cette revendication fait forte impression sur les jeunes générations, y compris en France, car elle semble une idée neuve. Elle a d'autant plus d'efficacité que la crise mondiale a déprécié le principal argument des partis technocratiques, qui consiste à faire miroiter des aides sociales à la frange de la population la plus modeste pour acheter son vote ; les sommes importantes injectées dans des guerres coûteuses par Joe Biden ont sans doute défavorablement impressionné un électorat démocrate plutôt écologiste. Elon Musk lui-même est un ancien électeur et soutien du parti démocrate. S'ils ménagent la chèvre et le chou, les dirigeants des GAFAM, d'une manière générale, penchent plutôt du côté de D. Trump. M. Zuckerberg a tenu à faire savoir à mots couverts qu'il n'appréciait guère d'avoir le FBI sur le râble.

Donald Trump est un leader populiste, mais pas plus que le général de Gaulle, dont le populisme s'accorde, certes, beaucoup mieux avec le goût français. Le populisme du général de Gaulle était antilibéral, celui de Donald Trump est libéral. Jusqu'au moment où la superstructure technocratique s'écroule sur ses épaules, le Français n'y voit que des avantages : seule une poignée de manifestants s'opposa, en "Mai 68", au coup d'Etat institutionnel de de Gaulle, mettant en place une république populiste.

Mieux vaut comprendre la nature du populisme de la Ve République, et non celui de tel ou tel de ses représentants : il est plus insidieux que le fascisme, mais non moins dangereux, c'est le populisme de l'argent, le populisme libéral qui consiste à faire miroiter une égalité de revenus toujours plus grande entre les citoyens, comme si l'inégalité des conditions était essentiellement une question de revenus ; ce modèle social mathématique n'est nullement républicain ; il est encore moins marxiste ; il est essentiellement capitaliste, bien que l'économie capitaliste s'oppose radicalement à son accomplissement providentiel.

Au gré de cette idéologie pernicieuse, l'Etat acquiert une fonction mystique, religieuse, au détriment de son efficacité. Autrement dit, l'Etat capitaliste égalitariste, quand il s'écroule, brise d'abord les reins des familles les plus modestes. La bureaucratie hospitalière française a déjà commencé à infliger des sévices à la frange de la population française la moins aisée depuis une dizaine d'années, non pas parce qu'elle manque d'argent, mais parce que, à un moment donné (les "Trente glorieuses"), elle en a eu trop.

Pour toutes ces raisons, George Orwell a rédigé un article dans lequel il écrit pourquoi le fascisme n'est pas un problème en soi, pourquoi le fachisme est sans intérêt, comme le cancer au stade de la métastase pour un médecin.

On ne pointera le fachisme de Trump que pour mieux occulter la cause capitaliste de ce fachisme. Trump lui-même désigne "l'Etat profond" pour ne pas désigner l'endettement démentiel de son pays, qui est la première cause de l'Etat profond.