Il n'est pas déraisonnable de penser que différents ''modes d'existence '' puissent s'interpénétrer, ce serait même une possibilité que nous offre l'anthropologie humaine telle que je la conçois. J'y viendrai après avoir repris les ouvertures proposées par Whitehead et Uexküll, dans le cadre d'un mode d'existence scientifique.
Nous connaissons depuis le XXème siècle, un changement de paradigme ( = cadre conceptuel, grille de lecture qui structurent notre compréhension...) qui remet en cause une science ''mécaniste'', celle du XVIIe s. de Kepler, Descartes, Newton... Une vision de l'Univers qui reposait sur une machine gouvernée par des lois éternelles données par le Grand Architecte, Dieu. L'humain, seul possédait une ''âme''. Les deux modes d'existence, spirituel et matériel, étaient séparés; au point même de s'ignorer.
Elaine nous rappellerait qu'avant d'être ''moderne'', nous nous représentions l'Univers comme un organisme vivant. La Nature était vivante.
Ensuite, nous sommes passés de la métaphore de l'organisme à celles de la machine, écoutons Johannes Kepler en 1605: " Mon but est de montrer que la machinerie céleste doit être comparée non pas à un organisme divin, mais à une horloge. ( ...) De plus, je montrerai comment cette conception purement physique peut être soutenue par le calcul et la géométrie. ".
A la fin d'un XIXe siècle scientiste, Lord Kelvin pensait que la science avait déjà découvert la plupart des lois fondamentales de la nature et que les découvertes futures consisteraient principalement à affiner les constantes et à perfectionner les applications. Le physicien Albert Michelson écrivait en 1903: " Les lois et les faits fondamentaux les plus importants de la science physique ont tous été découverts, et ceux-ci sont si fermement établis que la possibilité qu'ils aient jamais été supplantés à la suite de nouvelles découvertes est extrêmement éloignée. "
Erreur ! En 1915, Albert Einstein a introduit la relativité générale, une théorie révolutionnaire de la gravitation. Puis la mécanique quantique proposait des concepts contre-intuitifs comme la dualité onde-particule et l'incertitude de Heisenberg. La découverte de l'ADN, ouvrait la voie à la biologie moléculaire et à la génétique moderne.
Une théorie qui unifierait relativité, quantique, c'est-à-dire les quatre forces fondamentales ( la gravité, l'électromagnétisme, l'interaction faible et l'interaction forte ) devrait intégrer différentes dimensions de la réalité.
Le vivant, à la différence d'une machine, est créatif. Il s'adapte à son environnement, il grandit et forme de nouvelles structures. L'approche mécaniste, tente d'expliquer le tout par les parties; ce qui finalement consiste à détruire ce qui faisait de l'organisme, un être vivant. La nature, par évolution créative, forme des entités plus grandes que la somme de leurs parties.
Selon Whitehead " la biologie est l'étude des grands organismes, et la physique celle des petits. ", et de grands comme les planètes, les galaxies... L'Univers est un organisme !
Bien d'autres questions restent encore posées aux scientifiques, qui peuvent faire évoluer nos représentations..: Comment s'applique la loi de conservation à la matière noire, à l'énergie noire...? Que penser de la création continue d'énergie noire, proportionnelle à l'expansion de l'Univers? Quelle quantité d'énergie contient le vide quantique?
D'où viennent et comment sont mémorisées les lois et constantes de l'Univers? Sont-elles fixes, évolutives?
L'anthropologie chrétienne des Pères de l'Eglise, - avec la représentation de l'humain, comme ''corps-âme et esprit'', est l'expression spirituelle de cette dynamique. L'humain est un être unique et intégré, et entre corps, âme et esprit, s'exprime une dynamique complexe et interconnectée. Nous sommes loin du dualisme dans lequel le corps et le tombeau de l'âme...
'' Avant la révolution mécaniste du XVIIe s. il existait trois niveaux d'explication: le corps, l'âme et l'esprit. Le corps et l'âme faisaient partie de la Nature. L'esprit était immatériel mais interagissait avec les être matériels à travers leur corps et leur âme. Après la révolution mécaniste, l'âme est devenue un fantôme immatériel enfermée dans la machinerie du corps, elle disparaissait de la Nature. Nous sommes passés dans la dualité ''Matière-Esprit'', puis il n'y en eut plus qu'une, ''la Matière''.''
Avec la Quête, la légende du Graal nous ramène à l'anthropomorphisme ternaire, par la richesse et la complexité de son symbolisme. La quête représente une dimension physique du voyage. Les chevaliers entreprennent des quêtes ardues, traversent des épreuves physiques et démontrent leur bravoure et leur force. L'objectif ultime nécessite, par le corps, une purification et un dépassement. Et, bien-sûr, les chevaliers doivent démontrer des vertus telles que la loyauté, la foi, la chasteté et la charité. Le chemin vers le Graal est souvent ponctué de tentations et de défis moraux, symbolisant l'épreuve de l'âme et son élévation spirituelle. Mais, la Quête présente avant tout une dimension spirituelle et divine. Le Saint Graal - calice contenant le sang du Christ - est associé à l'expérience du divin.