Magazine Journal intime

J'ai failli mourir trois fois mais j'ai sauvé deux vies

Publié le 01 septembre 2008 par Anaïs Valente

Ce récit de ma presque-mort, je vous l'avais annoncé y'a belle lurette déjà, mais j'ai pris un tantinet de retard et je vous prie de bien vouloir m'en excuser.  Lorsque je suis en vacances, je suis encore plus fade qu'à l'accoutumée, ce qui est dramatiquement dramatique, je le conçois.  Pour ma défense, j'ai eu beaucoup de boulot à domicile (meuh nan, pas de grand nettoyage, zêtes fous), ce qui a ralenti mon rendement bloguesque.

Bref.

J'ai failli mourir trois fois.

Et par ma faute en plus.

Passque quand môman m'a annoncé qu'une sortie à Aqualibi était prévue avec ma filleule, j'ignore quelle mouche au venin délirant m'a piquée, moi qui ai horreur de tout ce qui est aquatique et qui n'autorise pas les vilains pas beaux à mettre les têtes des jolies filles comme moi sous l'eau.  Je me suis écriée « oooooh, je peux venir avec ».  Et je suis allée avec.

Mais dès mon arrivée, je comprends mon malheur.  Ça devait encore être l'effet de la mouche au venin délirant, car je m'étais imaginé un endroit calme et paisible, parsemé de transats, avec cocktails de fruits à volonté et accès à une piscine chauffée remplie de bruns ténébreux. 

A peine franchis les vestiaires me rappelant l'enfer vécu durant toute mon enfance lors des cours collectifs à la piscine, à peine sentie l'odeur du chlore qui chatouille les narines et pique les yeux, je réalise l'ampleur de la chose : une foule d'enfants surexcités squattent MA piscine à bruns ténébreux.  De bruns ténébreux il n'est d'ailleurs pas question.  Que des pères de famille chauves ou bedonnants.  Les rares transats sont couverts d'essuies qui disent « pas touche ».  Mais le pire, c'est le bruit.  Comme si la population de quarante-trois piscines communales s'était réunie sur place. 

Mais qu'importe, nous sommes là pour nous amuser, et nous allons nous amuser.  Quoi qu'il advienne.  Nous « volons » quatre sièges à la cafeteria, que nous installons tant bien que mal le long d'un mur.  Puis nous abandonnons nos essuies, tongs et Ciné-Revue de la semaine pour tester la température de l'eau, entrant dans la piscine par un genre de rampe étrange, en forme d'escargot.

Ben elle est froide, en plus.  Qui a osé me parler d'une eau à 36 degrés ?  Hein ?  Qui ?  Publicité mensongère.  Bon, je l'admets, c'est plus chaud qu'une piscine communale.  Fort heureusement.

Nous nous enfonçons dans les profondeurs de l'océan, enfin de la piscine, ma filleule, ma môman pas très rassurée et moi.  Bien entendu, le but est d'avoir pied, passque quand je n'ai pas pied, je panique.  D'autant qu'il n'y a aucun bord auquel se raccrocher dans cette piscine, les bords étant, étrangement, plus d'un mètre plus haut.  Cet endroit est décidément bien bizarre.  Sans nous en rendre compte, nous dérivons lentement mais sûrement vers la « grande profondeur », et ma chère môman, qui a une taille disons « réduite », perd pied.  Et panique.  Passque si moi je nage comme un caillou, elle, elle nage comme une colonie entière de cailloux.  La voyant au bord de la noyade, et remarquant son regard extrêmement paniqué, je n'écoute que mon courage et je nage vers elle à la vitesse de l'éclair (traduction, je tends la main) pour la ramener vers une profondeur plus décente.  Je suis une héroïne.

Nous retournons ensuite dans la piscine par le côté plage, qui nous offre un dénivelé bien agréable et plus sécurisant.

Et là, fort étrangement, je suis bien.  Je fais même un peu la planche, malgré la foule.  Passque depuis que j'ai appris à la faire, la planche, je la ferais en permanence (l'appel est lancé : qui vit à Namur et a une piscine chauffée à 36 degrés à me prêter ?).

Une voix lointaine annonce quelque chose, et môman me demande « il a dit kwaaa le môôssieur ? ».  J'ai rien compris et je m'en moque, ça doit être une annonce du style « le petit Nicolas attend ses parents Goscinny et Sempé au centre d'accueil. »

Nous continuons quelques instants nos barbotages, jusqu'à ce qu'une petite vague vienne nous chatouiller le menton.  Suivie d'une plus grosse.  Suivie d'une encore plus grosse.  Etonnées, estomaquées, stressés, nous nous réfugions au bord de la piscine, bord qu'il est impossible de franchir, je vous le rappelle, puisqu'il fait deux mètres de haut (je comprendrai ensuite que c'est pour contenir ces abominables vagues).  Grosse erreur, les vagues sont plus hautes sur les bords.  Je ne perds pas ma môman de vue, tout en tentant de respirer malgré les vagues, de plus en plus hautes.  Comme elle semble se noyer, je la tire vers moi et je tente de nous traîner vers « l'entrée de la plage ».  Nous survivons tant bien que mal à cette mésaventure, avec la promesse de faire attention aux messages quasi inaudibles lancés au micro, des fois que le prochain serait « attention on lance les mygales », « attention c'est le moment de la tornade », « attention frites gratuites pour toutes à l'entrée de la plage », « attention beau brun ténébreux attend Anaïs sur son transat ».

Forte d'avoir sauvé deux vies, enfin d'avoir sauvé deux fois la même vie, je file m'étendre un peu sur ... ah ben non, j'ai pas de transat, juste un siège dur comme de la pierre, sur lequel je m'avachis pour parcourir mon Ciné Revue.

Tout ça avant de presque mourir trois fois... mais ça sera pour demain, car ce billet est déjà suffisamment long, non ?



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