<<Poésie d'un jour
Ici
personne ne regarde personne
le couloir se déplace
la porte reste toujours fermée
le sol si dur vacille
on marche avec les mains
Ici les cris les cris
s’entrechoquent comme des silex
on marche
sur la pointe des pieds
ils savent comme je suis nue
on peut laisser à mourir
les yeux à l’étale de la houle
n’aime pas
que leurs mains resserrent la peau
partout où ils mettent leurs doigts
leurs ongles gémissent
Doc
« j’arrive en corneille »
je peste pour voir
me cache dans les roncières
sur la falaise
« je sors en aigle de mer »
descends les champs
garde le leurre l’eau brûlée
pour la mort vraie
cela rôde cela veille
l’oubli m’attend
Elle
et le tilt tilt des courlis
brodés de bleu coquille
leur bec trouble par tous les trous
il y a des jours où la roche
accuse la violence des vagues
… « là où il n’y a plus rien »
Elle jettera les pétales
d’un merisier mêlés à la cendre
c’est dense pas dans les mains
mais dans les mares
et la claque des pieds
la joie comme pour un meurtre
c’est de là qu’Elle parle
sans peur parle d’une grâce
comme de l’absurde
c’est peut-être ce qu’elle cherche
Erwann Rougé, Asile, La vignette de couverture est de Herbert Hundrich, Éditions Unes 2024, pp.55, 56, 57, 58,59,60.
E R W A N N R O U G É
Ph. Michel Durigneux
Source
■ Erwann Rougé
sur Terres de femmes ▼
→Paul les oiseaux ( Lecture d'A.P)
→Paul les oiseaux (portrait), en couverture dessin d’Ena Lindenbaur, éditions isabelle sauvage 2024
→ Proëlla (lecture d'AP)
→ [la brûlure a une odeur de fleuve] (extrait de L’Enclos du vent)
→ [on ne fait qu’écrire] (extrait de Voa, Voa)
→ Passerelle, Carnet de mer (lecture de Sylvie Fabre G.)
→ [quand le ciel est ainsi] (extrait d'Étais de Jean-François Agostini)
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Isabelle Sauvage) la fiche de l’éditeur sur Proëlla d’Erwann Rougé
→ (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Erwann Rougé