<<Poésie d'un jour
l’autre ce matin la parole impossible le geste
empêché à chercher le vecteur le cœur ce qui
déborde ce matin je respire son air limpide
j’apprends encore la langue vulnérable ce qui
reste muet dans l’amour
le départ ce matin l’envol comme un art de la
fugue les pulsations la disponibilité
grande la zone de rien le cœur les poumons et
l’envie de ruer à l’infini
ce matin est facile
la rumeur ce matin les sons utiles la machine
la musique étrange ce qui n’a rien d’humain
la basse continue qui nous disjoint du silence
ce matin la nostalgie légère des simplicités
la géométrie l’apprentissage d’une vie à l’os
respirer tracer une corde chercher l’asymptote
le calme équanime d’un théorème l’amitié
d’une équation à deux inconnues juste avant
que tout ne se complique
le brouillard quantique ce matin
vois ce matin en plein centre je retourne à la
coulée sombre au refuge de brindilles à la
mousse la défaite ce matin c’est forêt calme
où je ne compte où quand les mains reposent
je touche à la confiance des temps longs
appuyé au sol sans le nécessaire à cœur ralenti
je guette le son des ailes froissées la goutte
qui tombe les insectes rares la feuille enroulée
au vent ce matin je hume la naissance d’une
femme je sens la diagonale de l’homme et
penché dans la zone blanche j’habite le rêve
des mots et des broussailles
ce matin est sauvage
Jean-Marc Barrier, 196 matins, encre de couverture de André Aragon, achevé d’imprimé par monedition.fr à Nîmes, 2024, pp. 52, 53, 54, 55, 58
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JEAN-MARC BARRIER
■ Jean-Marc Barrier
sur Terres de femmes ▼
→ La rue infinie , Textes et photographies, Phloème, Collection Lumière écrite, 2021.
→ [Vient le temps du fléchir]
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions La tête à l’envers) une notice bio-bibliographique sur Jean-Marc Barrier
→ (sur le site des éditions La tête à l’envers) la fiche de l’éditeur sur Noir estran
→ le site de Jean-Marc Barrier