Certains ont supposé que la grâce, en même temps que le péché, c'est-à-dire l'esprit de vérité et l'esprit d'erreur, se cachent dans l'esprit des baptisés. Aussi, dit-on, sitôt que le premier personnage incite l'âme au bien, l'autre l'attire en sens contraire.
Mais, pour ma part, d'après les saintes Ecritures et d'après le propre
sentiment de mon esprit, je tiens pour assuré que, avant le saint baptême,
c'est du dehors que la grâce attire l'âme au bien, tandis que Satan se tapit
dans ses profondeurs, en essayant de fermer toutes les issues droites de
l'esprit ; mais, à partir du moment où nous sommes régénérés, le démon est
chassé au dehors, tandis que la grâce habite au-dedans. Ainsi nous découvrons
que, de même qu'autrefois l'erreur régnait dans l'âme, de même désormais, après
le baptême, c'est la vérité qui y règne. Cependant, Satan continue exercer son
action contre l'âme comme auparavant et même avec encore plus d'acharnement,
mais ce n'est pas qu'il reste présent en même temps que la grâce, loin de nous
cette pensée, mais il répand comme une fumée dans l'esprit, la séduction des
plaisirs irrationnels, en passant par l'humidité du corps. Cela arrive par une
permission de Dieu qui veut que l'homme passe par la tempête et par le feu de
l'épreuve, avant de parvenir, s'il le veut, à la jouissance du bien. Car il est
dit : Tu nous as fait passer par le feu et par l'eau. Puis tu nous as menés
au rafraîchissement. (Ps 65, 12).
Saint Diadoque de Photicé : Les propos
ascétiques. Cent chapitres.