Nouveau gouvernement : au secours, ils reviennent !

Publié le 24 décembre 2024 par Observatoiredumensonge


À l’avant-veille de Noël, le Premier ministre a enfin publié la composition du premier gouvernement Bayrou. Amateurs de sensations fortes et de nouveautés, concentrez-vous sur la dinde et le foie gras. On n’attendait pas grand-chose de la recette concoctée par le dernier chef en place François Bayrou ; le résultat dans l’assiette est pire qu’attendu, marqué par un puissant sentiment de déjà-vu, déjà testé, déjà sanctionné par la faillite de l’État.
Le pays hérite donc d’un gouvernement de « désintérêt national » : il ne suscite guère l’enthousiasme et ne s’intéresse pas à la nation, ni à son devenir, ni à ses messages. Ce qui frappe, dans cette galerie de portraits, c’est l’usure. Le système gouverne mal mais se défend bien, dit la sagesse patriote. Cette fois, le système ne se défend plus. On sent la peine, la difficulté de recrutement, l’absence pas seulement de feu mais même d’étincelle, l’impossibilité de la nouveauté, de la surprise. Le dernier carré est à l’os.

Kevin et Matteo n’ont pas fini de rigoler

Et nos grands fauves européano-mondialistes trouvent encore le moyen de s’entre-dévorer. Ainsi de Xavier Bertrand. Le président du conseil régional des Hauts-de-France et grand adversaire du RN s’est fendu, ce 23 décembre après-midi, d’un communiqué fielleux, un concentré d’amertume mauvaise : on lui avait promis le ministère de la Justice. « En dépit de ses nouvelles propositions [François Bayrou, NDLR], je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen, pince Bertrand. Accepter à ces conditions aurait été le reniement de mes valeurs, de mon engagement et de mes combats. » Beaucoup de grandiloquence mal fagotée pour cacher la joue rougie par l’affront.

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— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) December 23, 2024

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Bertrand peut être amer car ses amis trouvent tous un hochet ministériel dans leur soulier, sauf lui. Dans la série « on prend les mêmes et on recommence », revoilà donc Bruno Retailleau et Rachida Dati, reconduits respectivement à l’Intérieur et à la Culture. Sauvés des eaux. Ils étaient sans doute les moins contestés. Lecornu reste, lui, aussi aux Armées. Mais les Français qui donnent à Emmanuel Macron des scores de popularité dramatiques doivent subir le retour du pire de… la Macronie, façon retour des morts-vivants ! Élisabeth Borne (Renaissance) revient comme ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Gérald Darmanin (Les Républicains) n’aura pas fait long feu, sur les bancs de l’Assemblée nationale, puisqu’il redevient ministre, qui plus est d’État, garde des Sceaux, ministre de la Justice ! Kevin et Matteo n’ont pas fini de rigoler ! On voit même revenir les oripeaux du règne de François Hollande avec le come-back de Manuel Valls, ex-Premier ministre, nommé ministre d’État, ministre des Outre-mer.

Une forme de Boléro de Ravel sans le génie

Il faudra subir, encore, le désastreux Jean-Noël Barrot (MoDem), ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, attaché au maintien du fonctionnement de l’Europe telle qu’elle nous détruit. On pourra compter, pour ne rien changer ou pour creuser la tombe déjà bien entamée de la grandeur française, sur les efforts d’Agnès Pannier-Runacher (Renaissance-Territoires de progrès), ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, sur ceux de Laurent Marcangeli (Horizons), ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, ou sur les numéros de l’inénarrable Aurore Bergé (Renaissance), ministre délégué chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, rattaché au Premier ministre. On avait oublié Amélie de Montchalin (Renaissance) ? Elle ne nous manquait pas… La revoilà ministre chargé des Comptes publics, rattaché au ministère de l’Économie.

Seule tête nouvelle, celle d’Éric Lombard (sans étiquette), ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, un chef d’entreprise, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. À suivre… Quant à François Rebsamen (sans étiquette, ancien socialiste et ministre de Hollande), ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, peu de chance qu’il déchaîne les vivats dans les rues de la France profonde.

C’est comme si le système devenait fou, remettant à une cadence de plus en plus rapide le même couvert, reprenant la même pièce et la même chanson pour, surtout, ne toucher à rien. Une forme de Boléro de Ravel sans le génie : répétitif jusqu’au naufrage. Ceux qui ont plongé la France dans le chaos se choisissent et se propulsent les uns les autres aux postes clés sans remettre en cause le moins du monde la partition du désastre. Le centriste sans convictions Bayrou règnera donc sur un gouvernement de centristes sans convictions pour faire la même politique. Merci à eux de préparer ainsi, avec tant d’application, l’inévitable alternance d’un pouvoir RN.