J'étais à nouveau seul, dans cette chambre noire, une bouteille de vodka presque vide posée sur la table me narguait.
La cheminée était froide, m'avait elle jamais réchauffée ?
Personne et j'avais envie de crier, mais, désormais muet, mon hurlement intérieur me déchirait l'âme.
Une horloge à pendule rythmait cette absence, somnolence.
La poussière sur les lattes du parquet s'accumulait, comme un tapis de neige recouvrant le temps qui passe.
Une chaise à bascule dans un coin se mit en mouvement, un viel homme
fumant la pipe, grand-père, apparition fugace, se balançait. La pipe
tourna la tête vers moi et me tendit la main, évaporée en fumée, se
dispersa dans la pièce. Il n'y avait plus rien, uniquement mon coeur
qui balance au rythme des secondes s'enfuyant comme le mirage.
Je me levai alors, me dirigeais vers la cheminée, une glace y était posée, alors je regardais.
La pièce était plus claire dans cette image, un enfant jouait, assis
par terre, il riait, une femme d'une infinie bonté le pris dans ses
bras.
Le reflet alors se troubla, le mercure avait dévoilé ses secrets.
Les murs perdaient de la consistance, cette maison de mon enfance s'enfuyait.
Il ne restait plus que la cheminée maintenant, une épaisse fumée
blanche s'en échappait pour aller rejoindre les nuages.
Elle connaissait tous mes secrets, brûlés dans l'âtre, évanouis dans l'espace.
Elle est en moi maintenant, la maison-dieu.
J'étais à nouveau seul, dans cette chambre noire, le soleil essayait de
se frayer un passage au travers du volet, éclairant le sol lisse devant
moi, m'indiquant la voie.