Margarita León / CENDRES

Publié le 16 janvier 2025 par Angèle Paoli

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"tes pieds d’ixtle qui attendent le voyage"

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        YA T’I

I’Tihi, tihi ne ga tihi !

Pa da za ga tsoho

Pa ga handi ri zi hmi ngu gi ähä,
xi ndunthi ra ñot’i da yot’i, ngu ra zi hyadi,
ri zi ua ge bi dit’i ri zesthi ko ra tohm’i pa gi ma
ha mbo ra debi ra mui ri zi nänä.

Da za ga hufi ya nthebe njeya ge hinbi tsoho
nubu xka y’o ma ra ya ñu
k’uki ya guto xui pa ge xi da
zu ri zi mo’tza ts’edite,
ge hinda ähä kora ntuhu ra menja.

Ga tum’i dra k’uki ra ndoni b’ui ha ma beni
konge’i, ya b’in’i, ya u’ada ha n’ara nxadi ya
ntuhu ya jäi ge nu’i hingi pädi to’o nuhu,
ya mika nzadi otho ya hmi.

Gi xoti ri bui,
da pot’i dega
nzaki ha ri hai.

Ra mäkabaha ra zinzedänga njuni ra ximhai,
nganga y’e, xi ne hinte pant’i
ra zi hyadi ge otho ra ji
ne gi huäni ra hinham’u.


           LES RÊVES

Courir, courir et courir !

Pour y parvenir

Pour saisir ton visage endormi,
radieux comme le soleil,
tes pieds d’ixtle (*) qui attendent le voyage
du retour au ventre de ta mère.

Embrasser les siècles
qui n’ont pas emboîté ton pas,
arracher neuf jours à la nuit
qui veille sur ton âme,
et l’insomnie, et le chant du coq.

Arracher ta vie de fleurs et de souvenirs d’épines
aux magueys qui chantent le départ.
Il y a des prières sans visage,
étranges, d’idolâtrie confuse.

Ta vie s’effiloche,
te voilà libre et
semé dans la terre.

Comme offrande au monde de tourbillons
enflammés, d’éclair, de peau vaporeuse
et de soleil sans veine
sur la balançoire de l’éternité.

ixtle (*)

Margarita León, CENDRES, Poèmes traduits de la langue Otomi (Mexique) et présentés par Léa López Métayer, Éditions Alidades, 2024, pp.24, 25.


Margarita León est née en 1983 à Santiago de Anaya, dans la région d’Hidalgo, au centre du Mexique. La culture hñähñu (otomi) s’y épanouit toujours, malgré la diminution du nombre des locuteurs. Son enfance est marquée par un imaginaire construit au sein d’une tradition riche, menacée de disparition. L’envie d’écrire est étroitement mêlée à la langue maternelle. Le titre – Cendres – en témoigne: les cendres ont une valeur essentielle; précieusement conservées dans les maisons, on veille à ce qu’elles restent toujours chaudes. On les utilise comme remède – la mère de Margarita les lui étalait sur le ventre pour apaiser la douleur. Les poèmes de Cendres, ainsi que d'autres, ont été publiés au Mexique sur des sites dédiés aux littératures indigènes.

Note de l'éditeur 

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