Dans ce contexte médiéval, Elaine propose d'entrer dans la Querelle des Universaux :
Lancelot, précisément, voudrait encore rajouter ceci :
La quête du chevalier - comme celle de Perceval pour le Graal ou de Lancelot - symbolise un chemin ardu nécessitant la purification de l'âme et l'élimination des illusions matérielles., pour tenter le Salut, et la découverte de la Vérité ultime, donc divine.
Les personnages de Chrétien de Troyes (1135 ? - 1185 ?), comme Lancelot, Yvain, et Perceval, incarnent des concepts universels, tels les vertus : la bravoure, la loyauté, et la quête de la vérité. Ils transcendent les individus spécifiques.
L'amour courtois entre Lancelot et Guenièvre illustrent un concept universel - l'amour - tout en étant ancré dans des situations spécifiques et des personnages particuliers.
Les aventures de nos héros, reflètent le débat médiéval sur la relation entre les universaux (les concepts généraux) et les particuliers (les actions spécifiques d'un chevalier dans une quête particulière. ).
Alors Yvain, très attentif à cette incursion dans une période assez lointaine, demande que soit précisé la problématique de cette querelle, à l'époque :
Elaine tente de résumer :
- La question centrale est de savoir si les universaux, comme les concepts de "cheval", ou d' "humanité", existent réellement en dehors des objets particuliers qui les exemplifient.
Les universaux sont-ils des entités réelles qui existent dans un monde idéal ou dans l'esprit de Dieu, et, comment les objets particuliers participent-ils de ces universaux ? C'est à dire de quelle manière un objet individuel manifeste les caractéristiques de l'universel ?...
Les réponses à ces questions influencent notre conception de Dieu, de l'âme, et aussi de la nature de la réalité. Sur le plan religieux, ce débat touche également à des questions de salut, de la nature des sacrements, et de la Trinité.
Je rajouterais, ajoute Yvain : - La vision que nous avons, nous terriens, du monde ( la terre, le ciel, l'horizon...) ne nous cache t-elle pas la réalité de l'Univers ?
Ecoute-moi, continue Elaine, je vais tenter de te raconter cette histoire :
Le protagoniste de celle-ci, est un moine philosophe du XIIè siècle, qui nous invite à le suivre dans la Forêt des Significations. Dans cette forêt, chaque arbre représente un concept universel. Parmi nous, les Réalistes voient ces arbres comme des entités réelles, tandis que les Nominalistes les voient comme de simples illusions.
Le moine nous montre l'un des arbres, qu'il appelle "Humanité". Il explique que cet arbre n'est ni une illusion ni une entité particulière. Au lieu de cela, il nous propose de choisir entre, - la création de Dieu ou, - le résultat de l'esprit humain qui, en observant de nombreux individus, abstrait les caractéristiques communes pour former le concept d'humanité.
Continuons cette comparaison, par l'allégorie de la tisserande. Cette tisserande, en observant les fils individuels, crée des motifs sur son tissu. Les motifs n'existent pas indépendamment des fils, mais ils ne sont pas non plus de simples noms. Ils sont le produit de l'esprit créatif de la tisserande, tout comme les universaux sont le produit de l'esprit.... L'esprit de Dieu ou l'esprit humain ?
Lancelot reprend la parole : - Je vais essayer, moi aussi: je vous propose l'histoire d'un alchimiste; ce savant n'est pas seulement intéressé par la transformation des métaux en or, mais aussi par la transformation des idées et des concepts.
L'alchimiste explique que, tout comme l'or peut résulter de la transformation des métaux, les universaux résultent de la transformation, par l'esprit humain, des perceptions individuelles. Ceci dit, je relève, que l'or existe !
Yvain demande à y réfléchir davantage... Mais, ces histoires lui font bien comprendre les composantes de cette querelle.