Les copains et les coquins

Publié le 03 septembre 2008 par Ferrailleur

  Evidemment ce sont les sujets du jour donc je ne vais pas faire dans l'originalité.

  Mais le plus grand danger qui nous guette, n'est-il pas de devenir blasé ? De hausser les épaules en se résignant (j'ai failli d'ailleurs ne pas écrire ce billet) ? Voire d'admettre peu à peu ce qui nous aurait semblé même pas inacceptable mais carrément inconcevable il y a encore 2-3 ans.

  Cette guerre de la mémoire, nous allons sans doute la perdre. En 2017, incarner la fonction de Président de la république, ce sera peut-être se conformer tout ou en partie au modèle sarkozyen, tandis que pourriront au fond des manuels d'histoire les figures de de Gaulle, Mitterrand ou Chirac.

  Mais allons-y donc encore une fois pour refuser d'être blasé :

 1) Bernard Tapie: il se confirme que non seulement il a bénéficié d'une forme insensée de justice privée dans l'affaire du Lyonnais (décision qui donnait envie à Bayrou de casser la table cet été) mais que ce ne sont pas 40 mais jusqu'à 136 millions d'Euros nets qu'il va en retirer (notamment grâce à l'application du bouclier fiscal !! Un comble). Et c'est le dangereux gauchiste, député nouveau-centre, Charles de Courson qui l'affirme après étude approfondie du dossier.

 2) Christian Clavier: on saura grâce à ce misérable acteur, poto à Nicolas, que dans la France de 2008, un haut-fonctionnaire, chef de la sécurité pour toute une région, ne vaut pas plus qu'un majordome ou qu'un domestique qui aurait oublié de vider les cendriers. Pour le coup, Martine Aubry a raison: ça s'appelle ni plus ni moins que la privatisation de la République... Si on met en parallèle cette affaire révulsante avec la façon dont Sarkozy traite les corps constitués, dont l'armée française ou la magistrature, méprisées, humiliées, rabaissées, on a une vague idée du désastre.

  3) Rachida Dati: Cette "no name", inconnue du public jusqu'en janvier 2007 (il y a 20 petits mois seulement !!), de par la grâce de Sarkozy et des médias complices, a été instituée "super-star politique" et reine des people. Son bilan ? Nul ! Ses convictions politiques ? À part lécher les talonnettes de son protecteur, nulles ! Son comportement public ? Lamentable ! Sa légitimité démocratique ? Une élection dans le VIIe arrondissement de Paris là où un raton-laveur affublé d'une pancarte UMP se ferait élire. Quel Dieu du ciel a décidé que nous devrions désormais subir ce personnage dont le parcours ne justifie en rien la place qu'il occupe ?!?!!


  J'en viens à penser qu'avant même la réduction des inégalités économiques et sociales, l'objectif d'une coalition anti-Sarkozy devra être, en tout premier lieu, de rétablir un fonctionnement le plus normal possible de notre appareil d'Etat, et même d'aller beaucoup plus loin, en adoptant des dispositions (constitutionnelles, s'il le faut) qui empêchent de rendre de nouveau possible dans l'avenir ce que nous vivons aujourd'hui : moralisation de la vie politique, dé-personnalisation des fonctions de pouvoir, réduction du train de vie de l'Etat, renforcement du pouvoir de contrôle du Parlement, limitation des pouvoirs exclusifs du Président de la République, etc. etc.

  On est au coeur d'une des grandes argumentations de François Bayrou. Mais cette thématique pourrait être le ciment d'une alliance extrêmement large qui pourrait aller d'une partie de l'extrême-gauche aux gaullistes authentiques. On en a déjà parlé cet été.