Prise de pouvoir de la « Big Tech » américaine

" La big Tech est un moyen de faire de la politique, mais d'une autre façon." [i] Elon Musk (X/Twitter), Mark Zuckerberg (Meta/Facebook/Instagram), Jeff Bezos (Amazon) ou encore Tim Cook (Apple) et Sundar Pichai (Google) : les grands patrons de la Tech américaine étaient au premier rang lors de l'investiture de Donald Trump. Même le dirigeant de TikTok, Shou Chew, était à cette cérémonie alors que son application est menacée d'interdiction sur le territoire... Avant de bénéficier d'un décret providentiel donnant un répit de 75 jours pour négocier son avenir aux États-Unis. Tous ces moguls depuis des semaines avaient fait chambre d'écho et prêtés allégeance au nouveau président républicain, n'hésitant pas à reprendre son vocabulaire " imagé " pour critiquer les régulations créant du frein pour les investisseurs et entrepreneurs, ainsi que les procès ou les amendes infligées à leur encontre, notamment par l'Union européenne. Tous entonnaient en chœur : America great again !

" Une star est née : Elon ! C'est un super génie, il faut qu'on le protège, nous n'en avons pas tant que ça ! " S'était enthousiasmé dans un long panégyrique lendemain de sa réélection, un Trump aux anges. Quelle douce musique que d'entendre de la bouche de celui qui se disait : " Je suis socialement très libéral. Et sur le plan économique, je suis peut-être à droite du centre, ou au centre. Je ne sais pas. Partir de loin : le 14 décembre 2016, Donald Trump, fraîchement élu à la Maison-Blanche, rassemblait dans une salle de réunion quelques-uns des magnats les plus connus des États-Unis : Jeff Bezos (Amazon), Elon Musk (Tesla) et Tim Cook (Apple). Il n'hésitait pas dans la flatterie, connaissant l'égo surdimensionné de ses interlocuteurs : " Vous êtes uniques au monde ! Au monde ! Je suis là pour faire en sorte que ça marche pour vous. " La force d'un conservateur est de ne jamais dévier de son idéologie, de ne pas connaître les affres du doute et ainsi, huit ans plus tard... Ces " uniques au monde " ont estimé que les perspectives qu'offre Trump aujourd'hui l'emportent incontestablement sur l'opprobre potentiel d'une alliance avec lui. dontles valeurs tapent pile au milieu du pays " ; et son revirement vers un Musk méconnaissable prônant ses sombres incantations sur les migrants envahisseurs, les personnes transgenres et le " virus woke " qui menaceraient la civilisation entière. Le milliardaire avait jeté dans la campagne 120 millions, qui ont fait des petits après le 5 novembre pour voir sa fortune augmenter de 70 milliards de dollars (66 milliards d'euros) soit un retour monstrueux sur son investissement dans la campagne trumpiste. [ii]
[iii] La " morale " de tout ça ? Est qu'on n'est pas sans une grande dose de cynisme et d'opportunisme milliardaire. On peut aussi se dire que ce sont ces gars-là qui vont donner le LA pour les quatre années à venir... Avenir.

S'entourer de milliardaires : en additionnant les fortunes accumulées par les membres de la future Administration Trump, on atteint le chiffre vertigineux de 474 milliards de dollars. Pas moins de 12 milliardaires en font partie, et alors que le nouveau président n'a pas encore terminé la composition de son équipe... [iv] Vous me direz, c'est une tendance dans " nos démocraties ". Rien qu'en France, combien de millionnaires ? (et oui, nous jouons à une autre échelle). Macron, c'est certain, après tous les cadeaux qu'il leur a octroyés, a certainement pensé nommer au gouvernement des Niel, Arnault, Dassault et consorts, mais chez nous, la big monnaie n'est pas popu. Chez Trump, on croit aux dollars, et comme le républicain sait parler au bon peuple, il s'entoure des grossiums de l'énorme pognon qui font la une des magazines ; de ceux qui depuis des décennies ont construit leur montagne de fric sur la dérégulation, la compétition des uns comme les autres, l'effondrement des systèmes sociaux et la mine d'or des marchés publics. Les loups sont dans le poulailler, et ce sont nous les poules...

Le vrai pouvoir et la question : Facebook, Twitter, TikTok, Instagram, Snapchat, et autres RS, ces Big Tech seraient-elles structurellement incompatibles avec la démocratie ? Car pour asseoir leur pouvoir, les autocrates et les oligarques, propriétaires de médias, n'hésitent pas à s'appuyer sur la mécanique algorithmique et les données souvent orientées de ces plateformes et réseaux sociaux, dont la compatibilité avec la démocratie semble de moins en moins évidente. L'ambition est d'attirer sur les plateformes un maximum d'internautes pour en tirer le plus de bénéfices possibles. Et pour faire cohabiter tout ce monde, le flux d'informations est aiguillé par des algorithmes qui assurent une sélection sur mesure et créent des " bulles de filtre ". " Les algorithmes sont des opinions codées ". [v] Un système bien rodé, dont aucun dictateur n'aurait osé rêver il y a seulement vingt ans, mais sur lequel les fous de pouvoirs s'appuient désormais pour conquérir le trône, s'y maintenir et déstabiliser leurs adversaires. Voir par exemple l'intelligente utilisation stratégique des RS par l'extrême droite Française et sa montée dans les votes...

Utiliser les " fake news " : leur diffusion sur les plateformes de la Big Tech est devenue un passage obligé pour les aspirants au pouvoir les moins regardants sur les moyens à déployer pour parvenir à leurs fins. Un exemple : Donald Trump avait su exploiter pour interagir avec le monde sans passer par la case " presse mainstream " ou " corps diplomatique ". Son accession au pouvoir en 2016 avait été facilitée par la récupération de données de millions de comptes Facebook dans le cadre du scandale Cambridge Analytica. De quoi cibler les électeurs avec des messages " à la carte " susceptibles de les inciter à voter pour lui. [vi]

Ça correspond à quoi d'être milliardaire ? Choisissons-en un au hasard pour bien comprendre dans quelle stratosphère financière plane cet individu au-delà des cieux : On aurait pu gagner tous les jours 2 millions d'euros au Loto depuis l'Armistice qu'on ne possèderait même pas la moitié de sa fortune, ou bien, il aurait fallu gagner 20 millions d'euros par jour depuis la victoire de l'équipe de France à la Coupe du Monde 98 pour détenir aujourd'hui cette opulence. [vii] Ces figures de chiffres en argent correspondent à l'équivalent de ceux de près de 20 millions de compatriotes... C'est de Bernard Arnault qu'il s'agit, celui qui accuse les Français de jalousie contre les riches et leur " réussite ". Alors, lorsqu'on se dit qu'actuellement, Elon Musk est trois fois plus riche que le Français... Et qu'il est un membre important du gouvernement le plus puissant de la terre, il faut imaginer lorsque cet homme s'assoira avec un gouvernant, le poids qu'il pèsera dans les négociations, sachant l'impact de X sur la fabrication des opinions, et comme ses potes milliardaires suivront, ce sera l'hallali mondial contre le pauvre bozo qui aura eu l'outrecuidance de l'ouvrir ou de vouloir faire dans le social... Contreproductif pour le dieu pèse.

Ce sera de la dictature avec les moyens de peser et de l'appliquer. Trump avait un plan, il a poussé ses pions depuis longtemps et les jours qui paraissent clairs actuellement avec cette mise en scène de la signature de décrets face camera devant les téléspectateurs, ne pourront que tourner sombres demain, avec la mise en marche de son plan autoritaire, servit par : un président "bis", qu'est Elon Musk, supporteur de l'extrême droite allemande, de Melloni en Italie, qui insulte des leaders européens, se comporte comme un gosse qui aurait gagné à la tombola de son école et qui banni de X toute personne s'opposant : il se mêle de tout et pour bien servir Trump il a même emménagé dans un petit bungalow proche de la résidence en Floride de son ami le président afin de s'inviter lors de rencontres au sommet. Ce qui est dans les cartons est l'installation d'une dictature de milliardaires qui déjà contrôle, les médias, l'économie, la finance et la fabrication de la pensée. Un gouvernement dont Klaus Schwab du forum mondial avait fantasmé : une poignée d'hommes richissimes, régulant et régnant sur le monde...

Nous vivons une époque épique, mais nous n'avons plus rien d'épique !

https://www.youtube.com/watch?v=2TzfIYhutow&ab_channel=BFMTV