En effet, nous sommes régénérés au moyen de l'eau, par l'action du
Saint-Esprit qui donne la vie. Par suite, aussitôt nous sommes purifiés aussi
bien dans notre âme que dans notre corps, si du moins nous allons à Dieu de
toute notre disposition, puisque le Saint-Esprit établit en nous sa demeure et
qu'il chasse le péché. Il n'est pas possible en effet à l'âme, étant donné son
caractère un et simple, de garder en elle deux personnes à demeure, comme le
croient certains. Puisque la grâce de Dieu, par l'effet du saint baptême,
s'applique avec un amour infini aux traits de l'image en gage de la
ressemblance future, comment, dès lors, la personne du démon pourrait-elle
trouver place dans l'âme, étant donné qu'il ne saurait y avoir de communion
entre la lumière et les ténèbres ?
Nous croyons donc, nous les coureurs lancés dans les saints combats, qu'il est
jeté hors des celliers de l'esprit par le bain qui donne l'incorruptibilité, le
serpent habile à se déguiser, sans nous étonner pourtant que, après le baptême,
au milieu de bonnes pensées, il en surgisse aussi de mauvaises. Le bain de
sainteté nous enlève, en effet, la souillure du péché, mais il ne change pas la
double orientation de notre volonté présente et il n'empêche pas non plus les
démons de nous faire la guerre ou de nous adresser des paroles trompeuses, de
telle manière que, ce que nous n'avons pas su garder quand nous étions des
hommes psychiques, nous le défendions, revêtus des armes de la justice, avec le
soutien de la puissance divine.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos
ascétiques. Cent chapitres.