<< Ma poésie du week-end
BLEU DE PRUSSE
Le ciel par-dessus les toits s’étire
pourpoint doré de Magellan du haut de Sirius
Il contemple son visage halé de comète source claire
son corps délié qui sinue sous les vents tièdes d’Orient
sa traîne filante mille éclats qui draine son incandescence
Il est temps, dit-il, de restaurer le printemps
de réinventer les dunes célestes
de chanter l’énigme des attentes éperdues
de rendre à leur légèreté initiale les mots
de tisser l’instant des épousailles sous la lune
le soleil incertain ose quelques rires sur ces impromptus
mais rôdé à ces battements de cœurs
il sourit à ces fantaisies d’un mode mineur
d’un temps autre d’une autre ronde sidérale
dédaigneuse elle lance son désir au firmament
poursuit ses chimères folles
devine la soif des hydres insatiables
devance en jubilatoires inventions
les divinités lasses
et lui pourpoint doré de Magellan
il proclame la guerre aux sentiments informes
s’abreuve aux rêves insulaires
pourfend ses inconséquences
récuse l’inaccessible divague au-delà
des formes du plausible et des appels
de l’infini
hors d’haleine ils s’arrêtent
aux abords du fleuve séculaire
une hermine furtive dépose sa trace
dans les méandres de silice
une fouine pas feutrés
se faufile dans leurs hésitations
officiants silencieux ils présentent leur offrande à l’étoile
une majuscule pour ornementer chaque vers
un soupir posé entre deux notes
un respir pour alléger la phrase
une larme salée lune fertile
pour enluminer la page
d’eau pure
bleu de Prusse
Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli