<<Poésie d'un jour
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Synchronicités silencieuses
à Sylvie
Est-ce toi cétoine d’or qui grattes à ma fenêtre ?
J’avais pourtant pris soin de te déposer
entre 3 grains blonds à croquer
souviens-toi cétoine d’or couchée dans l’enclos
de la confrérie tu gisais dans l’herbe sèche
élytres repliés luisant dans le soleil vert mordoré
tourné vers l’azur brun d’or mordant la poussière
J’avais la tête cétoine d’or emplie d’ex-voto
navires naïfs voiliers des temps anciens
tout vibrants de mystère et voilà que tu étais
là miroitante de pépites éclats de lumière
Je t’avais recueillie effleurement de paume
à peine ta carapace gardait intacte ta forme
charnelle close sur l’absence tu n’étais plus
qu’enveloppe vide vide mais belle
hannetonne des roses
Est-ce cela cétoine mordorée qui fait la différence
entre ta vie arrêtée là et la mienne qui t’interroge
avais-je seule conscience dans l’enclos de la confrérie
des navires au long cours drossés par les tempêtes
de la vie de la mort qui d’un bout à l’autre nous mène
cétoine c’est toi que ce jour-là j’ai enlevée
pour te ranger dans le cabinet de curiosités
de ma mémoire Nil bleu des Égyptiens
scarabée d’or des pirates carabe-tête-d’homme
vieux parchemin crypté aux secrets palimpsestes
je t’avais souviens-toi déposée entre 3 grains
de raisin blond cercle de fruits mûrs pour protéger
ton corps défunt
De tout cela cétoine dorée tu ne te soucies
mais je te parle dans ma langue puisque tu es
sur mon chemin et si je n’y avais pris garde
tu aurais péri une nouvelle fois écrasée
sous mon pied tout cela cétoine d’or est-ce
toi qui me le dictes toi qui sans le savoir
me poursuis au long du jour et ce jour-là
souviens-toi jour de la confrérie je t’ai retrouvée
sous une forme nouvelle inattendue forme
singulière est-ce toi qui as fait signe
mystérieuse vers mon amie perdue
synchronicités silencieuses.
Angèle Paoli, in I Vagabondi, n°7, Hiver 2024/25 Revue de créations des deux rives de la Méditerranée,
Vivre & Penser La Méditerranée, Jean-Jacques Colonna d'Istria, Scudo Édition,p.107.