Passage à l’heure d’été

Le changement d’heure donne la mesure de l’immobilisme de la machine administrative européenne.

Passage à l’heure d’été :
largement dénoncé mais toujours en vigueur en France

Ce week-end aura lieu le traditionnel passage à l’heure d’été. Dans la nuit de samedi à dimanche, à deux heures du matin, il conviendra d’avancer l’aiguille de la montre jusqu’à trois heures. Autrement dit, la France et, plus globalement, les États européens perdent une heure.

Ce changement d’heure a été introduit le 28 mars 1976, à la suite du choc pétrolier de 1973. Il s’agissait d’économiser de l’énergie, notamment le fioul, en réduisant le temps d’éclairage artificiel, le soir. Cela offrait une heure de soleil en plus. En 1988, la pratique française a été étendue dans tous les États membres européens. Aujourd’hui, nombreux sont les pays qui, après avoir adopté cette méthode, l’ont abandonnée : Islande, Chine, Inde, Mexique, Argentine, Russie, Tunisie, Turquie, Égypte, Arménie… pour ne citer qu’eux.

Le passage à l’heure d’été n’est pas du goût de tous

Le changement d’heure, qui a lieu deux fois par an, rencontre chaque fois une forte contestation. Le bien-fondé du passage à l’heure d’été ou d’hiver s’est estompé avec le temps.

En 2019, une consultation citoyenne à l’initiative de l’Assemblée nationale demandait aux Français leur avis sur ce sujet. Sur les plus de deux millions de réponses, 83,71 % s’exprimaient en défaveur de cette habitude, contre 16,29 % en faveur du maintien des changements d’heure. La question suivante concernait le fuseau horaire à adopter définitivement en cas d’abandon du changement d’heure : hiver ou été. Dans le sondage, 59,9 % des réponses se portaient sur l’horaire hivernal, plus proche de l’heure solaire que l’horaire estival.

À ce sujet — Vive l’heure d’été ! Mais la vraie…

L’ACHED [Association citoyenne pour une heure équitable et durable, NDLR], une association fondée en 1983, fait de cette suppression de l’heure d’été son combat. Cette année, encore, une lettre à été envoyée au président de la République pour demander ce retour à l’heure du soleil. En effet, l’heure légale, en été, est décalée de +2 heures par rapport à l’heure universelle. En hiver, elle a une heure d’avance sur le méridien de Greenwich qui traverse la France.

L’économie d’énergie réalisée par cette habitude n’est plus si importante que cela. Notamment grâce à l’amélioration des éclairages à basse consommation. Selon l’Agence de transition écologique, au cours des dernières années, l’économie réalisée s’élevait à quelque 350 gigawattheures, soit quatre fois moins qu’en 1980.

De plus, selon les rapports publiés par cette association, la mesure a un réel impact négatif sur les rythmes biologiques, particulièrement des enfants et des personnes âgées, sur les accidents de la route, les accidents cardiaques, les dépressions et les suicides. Les données sont exposées dans un long document publié par l’association. Les agriculteurs, également, attestent que les changements d’heures perturbent les bêtes, qui voient leurs horaires décalés par rapport à l’heure solaire.

À l’été 2018, la Commission européenne avait lancé une consultation publique. Sur les 4,6 millions de réponses reçues, 84 % s’exprimaient en faveur de l’abrogation de cette heure légale, largement décalée par rapport à l’heure naturelle. La Commission s’était également exprimée en faveur de cette abolition. Finalement, le Covid-19 a suspendu ces travaux parlementaires, laissant au point mort cette réforme. En 2025, la Commission a indiqué qu’elle rouvrait ce dossier. Outre-Atlantique, Donald Trump, alors candidat, avait déclaré sa volonté de supprimer le passage à l’heure d’été après son investiture.

Largement rejeté, le changement d’heure mesure paresseusement l’immobilisme de la machine administrative européenne et son incapacité à se réformer, même quand c’est évident.

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