<< Poésie d'un jour
Angèle Paoli Aviatrix, Traduit par Martyn Crucefix
→ Atlanta Review, 2025
Photo: G.AdC
Aviatrix
I
Earth sky sea
utter osmosis of the androgynous
universe
same tempests same high days
same sails catching the breeze
setting out for—
II
And the fire ?
Its form hidden
incandescent passion spurs
the voyager on her way—She ? —
leaping borders
the frontiers of the void
the invisible real
experimentation and revelations
she sea-wolf skipper for the long haul
oceanic aviatrix
O Captain! My Captain ! Our fearful trip is done
to what shapeshifting
does your dream of union invite us ?
III
and if this were a dancer?
A slim dancer
in this instant inhabited
by the spirit of Icarus
with its multitude of qualities she forgets
to consider the violence
and turns her back
on them
armored helmeted sail-winged
airy—heavy-weight
the dancer readies for lift-off
a billowing of canvases before the breakers
waves whipped by a squall
she’s re-made
translates herself into a giant bird
borderland brant goose
ash-grey goose
off the straits of Magellan
the frozen shores
feet stretched towards—
—the next height.
she sticks in the sand
lashed by waves
belly and thighs smothered
in the shift of the tides
arms folded
and her head floating
high in the winds
capped by
the exponential sail
the navigator unfurls herself
woman
kite flying
little bird
dazzling windmill
smooths her wings shakes herself
invents herself bird-woman
lift-off in her dream
of glass
perfect
insane encumbered by gilding
of scales
doomed in the air
to an exemplary shipwreck
her blindness
prevented her seeing
she’s tail-spin
in the void
O Captain ! My Captain ! Our fearful trip is done
the frantic poet singing
of inscrutable desire
of dreams commotions
ice-locked in air
of brass
Aviatrix
I
Terre ciel mer
osmose aboutie
de l’androgyne
cosmos
même fête même tempête
mêmes voilures dans les airs
embarquement vers~~~
II
Et le feu ?
Il est forme dérobée
brûlante passion qui pousse
la voyageuse – Elle ?-
au-delà des frontières
des limites du vide
d’un réel invisible
expérimentation et
découvertes
louve de mer capitaine au long cours
aviatrice nautonière
« O Captain! My Captain! our fearful trip is done»*
à quelles métamorphoses
ton rêve de fusion convie-t-il ?
III
et si c’était une danseuse ?
Une danseuse élancée
à ce point habitée
par le souffle d’Icare
que des éléments elle oublie
de considérer la violence
et leur tourne
le dos
cuirassée casquée ailée de voiles
légère - lourde
la danseuse se prépare à l’envol
toiles gonflées sous les brisants
flots secoués par la bourrasque
elle évolue
se fait oiseau géant
bernache des confins
ouette cendrée
de magellan
et des terres glacées
pieds tendus vers ~~~
~~~ l’élévation prochaine
elle adhère au sable
fouettée par les vagues
cuisses et ventre enrobés
dans la mouvance des flots
bras en croix
et tête émergeant
dans les vents
coiffée de
l’exponentielle voilure
la navigatrice se déploie
femme
cerf-volant
oiselle
éolienne éblouie
elle caresse ses ailes s’ébroue
s’invente femme-oiseau
s’élève dans son rêve
de verre
idéal
insensée alourdie par les ors
des écailles
condamnée dans les airs
à un exemplaire naufrage
que son aveuglement
l’empêche d’entrevoir
virevolte
dans le vide
« O Captain! My Captain! our fearful trip is done»
chante la poète éperdue
de désirs insondables
de rêves et d’émois
glacés dans l’air
d’airain.
*In Leaves of grass de Walt Whitman