<<Poésie d'un jour
Il y a celui que je crois perdu
Et l’autre qui me semble si fort
Au final je me trompe
Il y a ici
J’y vis depuis si longtemps
que tout est moi
et je me surprends à respirer ailleurs.
Il y a des chiens séquestrés
Dans des jardins tondus
Qui aboient la liberté
Dont ils ne sauraient que faire
Il y a le cerveau meurtri
Qui ne s’éveille que dans les rêves
Savoir sans reconnaître et l’enfance
Si lointaine
Il y a trop d’étés empilés
Et les algues abondent
Sur la grève
Il y a cette vie qui a cessé depuis longtemps
Et celle-là qui ne veut pas commencer
**
J’ai dû en route oublier
Quelques raccourcis de l’enfance
Les chemins creux cachés d’une branche
Les lieux perdus étaient comme des îles, bien loin,
Sans ces liens intimes que nous savions par cœur
**
Comme dans un rêve
Je te sais avec moi
Je me retourne
Comme dans un rêve tu n’es plus là
Je chasse les noires corneilles
De mes yeux endormis
Je tais les rires et leurs éclats
Projetés au visage
Comme dans un rêve je sais tout ça
Gilles Fortier, Nos ombres font parfois des lumières (2015-2025, Gravure d’Olivia Quintin, « Grains de lune », La Lune bleue – Trouées poétiques, 2025, pp.7,13,18.
