" En descendant de la montagne nous découvrîmes les grandes campagnes de la Lombardie, pays le plus beau et le meilleuret le plus abondant du monde.
C'est une plaine et c'est difficile d’y aller à cheval perce que elle est parsemée de fossés comme dans les Flandres, et encore plus beau, car elle est plus fertile et il y a plus de blé, de vin et de chaque autres génération de fruit : parce que ce terrain ne repose jamais ».
Philippe de Comines à la suite de Charles VIII en 1495
L'Association Art et Mémoire du Territoire a comme but la collaboration avec les Parcs Nationaux et Régionaux d'Italie afin de promouvoir des actions de valorisation du patrimoine naturel et architectonique à travers des projets d'Art pour l'Environnement, en considérant l'aspect spécifique de chaque territoire en Lombardie, Piémont et prochainement dans d'autres régions.
L'Association réalise ces buts à travers :
a) un travail d'intervention sur le territoire à la recherche des œuvres hydrauliques pour les recenser et les insérer dans un projet de restauration afin de les valoriser à partir du concept de base "le paysage comme patrimoine.".
b) la création d'images actuelles de notre territoire : le nouveau paysage italien des années 2000 (images photographiques, interventions de structures dans l'environnement - sculptures - installations, tableau de paysage, texte littéraires sur le paysage).

Les deux directions du travail sont accompagnées par la théorie de la pensée artistique qui suit le thème de l'origine, parce que la pensée artistique permet d'arriver à la nature en élaborant ses aspects forts et traumatiques à travers le développement de ses formes et couleurs comme à fait Leonardo da Vinci.
Et l’eau est le premier élément pris en considération comme origine du territoire que, depuis la préhistoire, l’homme a appris à conduire pour irriguer et rendre le terrain fertile. En particulier l’Association s'occupe du réseau des eaux pour l'irrigation de l'agriculture, qui, dans le nord de l’Italie, a été développé à partir du Moyen Âge de façons systématique le long de l’axe du fleuve Pô de Turin à Venise.
Au début ce sont les congrégations religieuses qui commencent à cultiver la grande plaine Padana, ensuite, tout au long des XVème et XVIème siècles, les ingénieurs des eaux se sont occupés de la construction du réseau des canalisations.
Travail qui s’est poursuivi jusqu’au XIXème siècle et ont transformé la plaine, nommée Pianura Padana, (Piemonte e Lombardia), marécageuse et pierreuse , en un terrain de grande fertilité pour la culture de la vigne, des arbres fruitiers, du riz.
Pour conduire et sauvegarder les terres fertiles, I'homme a donné corps à toute une série de structures : châteaux, grandes fermes, "recetti", églises, monastères, moulins, qui existent encore aujourd'hui et constituent un paysage unique, comme est unique la façon de conduire la culture du riz dans le plus grand terrain humide d'Europe.
Les canalisations, qui depuis le XVème siècle rendent fertiles le territoire et le préservent des inondations auquel il serait sujet de la part des trois grands fleuves qui le traversent, le Pô, le Sesia, le Ticino, distribuent les eaux de façon toujours plus capillaire. En effet aujourd'hui c'est encore l’ancien réseau qui permet de régler le délicat système d'irrigation.

Vigevano. Cliché MTP.
La recherche, conduite par l'Association sur le réseau des canalisations, a été localisée à Vigevano, à coté du fleuve Ticino à 60 Km de Milan, lieu où Ludovico Sforza, Duc de Milan dans la deuxième partie du XVème siècle, avait fait construire une des sept fermes pilotes "la cascina campione La Sforzesca", pour la culture expérimentale du riz et des mûriers, culture innovatrice à l’époque, qui se développait sur une étendue de 1332 hectares.
Pour réaliser le réseau des canalisations nécessaires à cette grande entreprise Ludovico il Moro avait appelé entre autre Leonardo da Vinci qui était déjà à sa Cour de Milan (1483-1498).
Le travail de l’Association a consisté à repérer sur le territoire de la Sforzesca, ferme pilote, toutes les œuvres hydrauliques en granit de Baveno et brique de l’époque de Leonardo da Vinci, avec la collaboration de l'Association Est Sesia, organisme qui s'occupe de la gestion des eaux depuis 1853.
Parallèlement a été conduite une recherche sur les manuscrits que Leonardo da Vinci avait écrits dans la période 1489/98 lors de ses repérages à Vigevano, afin de découvrir, avec le regard d'aujourd’hui, les éventuelles connexions entre les desseins, les notes et les observations relatifs à la gestion des eaux en 1498 et le territoire visité en 1999.

Réseau hydraulique. Cliché MTP
L'aspect central de cette recherche, est la pensée de Leonardo da Vinci par rapport à la maîtrise de la conduite des eaux : l'étude sur l'énergie de l'eau a produit une élaboration quant à son adduction qui est en place et à l'œuvre depuis cinq siècles et qui a permis de rendre et maintenir fertile des terrains arides et marécageux.
Donc, les œuvres hydrauliques : barrages, cloisons, enclaves, écluses, pont canal, sont des vraies œuvres d'art étudiées et dessinées par Leonardo, qui, dans l’environnement, à travers leurs formes et matières représentent l’élément technique qui permet la régulation du flux de l'eau et rend possible aux gérants du territoire et aux observateurs, de résister la force de la nature.
Oeuvres qui révèlent dans leur exécution tout le savoir de l' homme devenu "art de conduire l'eau" : et voici les mots de Leonardo après avoir étudié les canalisations en Lombardie: "nessun incastro de esser più stretto che l' suo universal canale, perché fa retrosi e rompe l'argine", (l'enclave ne doit pas être plus étroite que son canal, parce que l'eau fait des remous et va rompre ses digues)" ; "i retrosi dell' acqua dopo l' angular percussione terrestre si voltano in contrario moto" (les remous de l'eau après avoir frappé la rive, virent dans la direction opposée) notation sur la force de l'eau qui conduisent à élaborer des oeuvres hydrauliques qui n’entravent pas l'eau, mais qui au contraire secondent la qualité du mouvement et utilisent pleinement l'énergie dont l’homme a besoin.

Les paysages photographiés par Fabrizio Garghetti, présentent des œuvres hydrauliques pour que l'on puisse découvrir :
les connexions avec l'élément végétal, la structure inventée par l’homme et le réseau qu'ils composent dans le territoire. Ces photos ne doivent pas être vues comme illustration description mais comme un choix de nouveau "point de vue", spécifiques à notre théorie de la pensée artistique, capables d’illuminer la relation œuvres homme nature.
En fait il s’agit bien de la création d'images actuelles de notre territoire : découvrir et déterminer "le nouveau paysage italien du 2000".
Le professeur Eugenio Turri, géographe, a remarqué que "les photographes se sont placés devant le paysage non comme de froids reproducteurs du réel, mais comme des spectateurs désireux de changer le réel. Et, comme ont fait auparavant les peintres, proposant à travers leurs photos, des projets de paysage, des nouveaux décors pour notre vie".
Enfin, le professeur Pierre Restany observe que le travail de Garghetti n’est pas seulement « une magistrale contribution à la mémoire du territoire « padano », mais représente une intervention majeure dans l’histoire du paysagisme photographique : la nature est culture ».
Les empreintes haut-relief réalisées par Giulia Degli Alberti, transforment l’objet réel dans son négatif, le calque nous rend le sens de la matière et de la forme dans l’absence de l’objet même : en effet les œuvres hydrauliques du XVème siècle deviennent des fossiles. Pierre Restany reconnaît dans ces hauts-reliefs une recherche d’ethnologie esthétique.
Les œuvres réalisées avec la théorie de la pensée artistique ont mis en évidence non seulement la fonction hydraulique des œuvres en granit et brique, mais aussi celle de « point de repère » dans le terroir, des œuvres médiatrices qui rendent possible le rapport entre l’homme et la nature.
Giulia Degli Alberti
Les photographies de Michel Thomas-Penette ont été prises en avril 2001. Tous les autres clichés sont extraits du travail photographique de Fabrizio Garghetti ou des ouvrages cités et illustrés dans le site web "Arte e Memoria del Territorio".
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Depuis les rencontres avec les auteurs à Milan, Vigevano, Vinci et Terrasson, au début des années 2000, la proposition d'un itinéraire "Léonard de Vinci" a reçu en 2024 la mention Itinéraire culturel du Conseil de l'Europe.

Cliché MTP
