Pouvoir d’achat : sur la paille ou sur la brèche ?

Publié le 05 septembre 2008 par Dalyna

Hausse du prix du pétrole et des matières premières, hardiscounters reconvertis en Monoprix, et loisirs de bases devenus produits de luxe, nous sommes tous d’accord pour constater la baisse de notre pouvoir d’achat. De ce fait, pas un jour ne passe sans qu’une émission de télé ne consacre un reportage sur le sujet : Système D, les 50 façons de faire des économies, Capital et j’en passe. Le 13h de Pernaut dispose même d’une partie spéciale où il traite du phénomène chaque jour. De leur côté, les publicitaires ont bien compris le message, à savoir que pour vendre, il va falloir nous mettre du « pouvoir d’achat » à toutes les sauces.

Mais au milieu de tout ce tintouin, nous assistons parfois à des déclarations tellement excessives, que je ne peux m’empêcher de me demander si ce pouvoir d’achat en berne, n’est pas perçu et raconté exagérément. Ne sommes-nous pas influencés inconsciemment par ce matraquage permanent ?

Hier soir, Envoyé Spécial sur France 2 consacrait un sempiternel reportage sur le sujet. A cette occasion, les journalistes suivaient des familles en vacances, restaurateurs, et différents prestataires de services (location de jet-ski…). Parmi ces gens là, une famille de 4 personnes, qui a loué une semaine de vacances en camping. On la suit à la plage, en balade, à la recherche d’un restau au prix abordable (gratuit ?), bref, dans son quotidien. C’est là que je bondis. Je me rends compte que les parents fonctionnaires ne cessent de se plaindre et que leurs paroles ne collent pas avec les images. Exemple : la mère nous ouvre son frigo blindé de produits en tout genre tout en affirmant telle Cosette : « Vous voyez, hein, on prend le strict minimum, on fait très attention ». Moi, je vois surtout que le frigo déborde, et que pour certaines personnes, même à Noel, ils n’ont pas autant de nourriture.

Ensuite, c’est une succession de plaintes. A la plage, ils se plaignent que leurs pauvres enfants faisaient plus d’activité l’année dernière que celle-ci. La petite fille raconte que l’an passé, elle a fait du quad et que cette année, ce n’est pas possible. Je suis désolée mais ne pas faire de quad n’est pas un signe d’appauvrissement pour moi. Dans la vie, on ne peut pas faire ce qu’on veut quand on veut. Peut-être que l’an dernier, les enfants ont fait du quad mais ils n’ont en échange sans doute pas bénéficié d’un autre loisir, restau ou autres. De plus, voir cette famille à la plage au bord de la mer se plaindre alors que certains n’ont même pas les moyens de partir, je trouve vraiment cela excessif.

Le pire vient à la fin du reportage où le père fait ses comptes. Pour une semaine à la plage tout compris (nourriture, location, transports, loisirs, extras…), il totalise 800 euros. « C’est trop cher, pour moi le budget c’était 500 euros ». Là, je trouve ça comique. Reste chez toi coco si tu crois que tu vas trouver une semaine tout compris pour 4 personnes à 500 euros. 800 euros pour 4, c’est le tarif moyen. Et c’était déjà le cas l’année dernière. Les prix ont certes augmenté, mais ils n’ont pas été multipliés par dix non plus.

A écouter tous ces gens, on a le sentiment que les restaurants sont subitement devenus déserts, que nous sommes tous passés au co-voiturage pour réduire nos coûts, et que nos frigos font des courants d’air quand on les ouvre. Or, ce n’est pas le cas. Je pense qu’il y a des personnes pour qui cette hausse des prix a réellement eu un impact dans leur quotidien, mais ce sont celles qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts avant la crise : travailleurs pauvres, les personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, les rmistes, les chômeurs, toutes ces personnes pour qui 1 € est 1 €. Maintenant, pour les classes moyennes, on ne va pas me faire croire que cela a radicalement changé leur mode de vie. C’est juste devenu plus dur.

De la part des médias, il y a certes une récupération purement vénale de l’exploitation à l’excès de ce fameux pouvoir d’achat. Et pour cause, il faut bien surfer sur la vague pour espérer faire de l’audimat. En revanche, en ce qui concerne le français lambda, je ne pense pas que ses propos soient malhonnêtes. Je pense qu’il est tout simplement un peu trop influencé par le discours ambiant, et manipulé. Un journaliste prend contact avec vous pour faire un sujet sur le pouvoir d’achat, forcément, vous allez naturellement aller dans le sens du journaliste. « Oui, c’est dur, ah maintenant que vous le dîtes, c’est vrai que l’année dernière, je m’étais acheté un mascara Dior, alors que cette année, je me suis contentée d’un Gemey-Maybelline ». Si quelqu’un de moche nous répète sans arrêt qu’il se trouve beau, nous aurons tendance à chercher ce qui est joli chez lui. A l’inverse, quelqu’un de très beau qui se dénigre, nous serons alors focalisés sur le ridicule mini défaut qui passait inaperçu au départ.