Voilà un film qui est un peu un OVNI parmi les sorties récentes : Le soleil se lève aussi, film chinois de Jiang Wen. Rien à voir avec le roman de même titre de Hemingway, et d’ailleurs je ne sais pas quel titre le film porte en VO. Ah si, Tai yang zhao chang sheng qi, mais ça veut dire quoi ? (*)
C’est un film délirant, frappadingue, et de ce fait très réjouissant. Le chroniqueur du Monde parle de Jiang Wen comme d’un « Kusturica chinois » et cela me semble bien vu. L’histoire est impossible à raconter ; elle est fragmentée en quatre grandes parties qui, peu à peu, s’articulent ensemble. Bon, j’essaie quand même :
Résumé - à partir du synopsis du Monde (revu et corrigé)
Dans un village chinois, en 1976, une femme perd la raison après avoir égaré une paire de chaussons rouges brodés, folie dont son fils subit courageusement les conséquences. Elle se livre à toutes sortes d’extravagances, grimpe aux arbres et en saute sans dommage, creuse des trous dont elle extrait de grosses pierres rondes, navigue sur la rivière en s’embarquant sur une simple motte de terre herbue. « Nous voilà ensuite sur un campus universitaire où deux compères », Tang (joué par Jiang Wen lui-même) et le Pr Liang, « se vouent à démasquer les traîtres dans une atmosphère enjouée ; de jeunes apprenties boulangères lèvent la jambe en cadence comme dans une comédie musicale hollywoodienne » et Tang (photo ci-dessus) tombe amoureux « d'une affolante toubib », le Dr Lin. Dans le troisième volet, l'un des protagonistes de cette chronique des tentations (c’est le Pr Liang) est envoyé en rééducation dans un village où il enseigne aux petits paysans la chimie, mais aussi l'art de la chasse au faisan. Il s’agit du village où vivent la mère folle (revenue à un minimum de raison) et son fils. L’épouse du Dr Liang, qui l’a accompagné et qu’il délaisse pour les plaisirs de la chasse, couche avec le fils de la mère ex-folle. Le dernier chapitre, vingt ans plus tôt, suit le périple de deux femmes, la fiancée du Pr Liang qui va à sa rencontre à dos de chameau sur une montagne, et la mère villageoise enceinte en quête des restes de son mari mort au combat.
Vous voyez bien, c’est tout simple ! Beauté des images, inventivité continuelle, fantaisie échevelée n’empêchent pas de lire aussi (enfin, de déchiffrer) une vision critique du régime. Quelques défauts mineurs (des longueurs, une bande-son un peu bruyante et il faut aimer la musique de fanfare…) n’empêchent pas de passer un très bon moment, à condition de laisser son matériel de rationalité au vestiaire.
Fuligineuse
Images Allociné
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(*) Un ami d'origine chinoise me suggère : "le soleil se lève comme d'habitude"