propos ascétiques LXXXI

Publié le 07 septembre 2008 par Moinillon

La parole de la science nous enseigne qu'il y a comme deux espèces d'esprits mauvais : les uns sont plus subtils, les autres plus matériels. Les plus subtils s'attaquent à l'âme, tandis que les autres, d'ordinaire, asservissent la chair par des sollicitations grossières. C'est pourquoi les démons qui s'en prennent à l'âme et ceux qui s'en prennent au corps sont constamment en opposition entre eux, même s'ils partagent le même dessein de nuire aux hommes. 

Lorsque, donc, la grâce n'habite pas dans un homme, ils se tapissent dans les profondeurs de son cœur, tout à fait comme des serpents, sans laisser l'âme tourner ses désirs vers le bien. Mais lorsque la grâce se trouve cachée dans l'esprit, alors, comme des nuages ténébreux, ils courent çà et là à travers les différentes parties du cœur, sous toutes sortes de formes, suscitant les passions du péché et des effervescences variées, pour troubler ainsi la mémoire de l'esprit par leurs agitations et l'arracher à son commerce d'amitié avec la grâce.
Lorsque nous laissons les démons qui tourmentent l'âme nous enflammer pour les passions psychiques et surtout pour la présomption, qui est la mère de tous les vices, si nous songeons à la corruption qui attend notre corps, nous sommes pris de honte devant l'enflure de notre gloriole. Il faut agir de même lorsque les démons qui assaillent le corps cherchent à entraîner notre cœur dans l'effervescence de désirs remplis de turpitude. En effet, cette pensée peut seule décourager toute espèce d'esprits mauvais, grâce au souvenir de Dieu. Par contre si, en partant de cette considération, les démons qui s'attaquent à l'âme essaient de nous inspirer un mépris sans borne pour la nature humaine, sous prétexte que la chair lui enlève toute valeur (c'est d'ordinaire leur manière de faire lorsqu'on veut les tourmenter par une pensée de ce genre), tournons alors notre pensée vers l'honneur et la gloire du Royaume des Cieux, sans oublier la perspective amère et sombre du jugement, de manière à nous relever de notre découragement, tout en réprimant la légèreté de notre cœur.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos ascétiques. Cent chapitres.