« Même s’il était juif, tu lui parlerais mieux que ça. » Omar Youssef Souleimane a grandi dans un environnement musulman syrien où la haine antisémite et la détestation d’Israël sont des convictions qui ne se discutent pas. « Nos cœurs d’enfants, trop tendres pour brandir des kalachnikov, étaient pourtant déjà formés à voir l’ennemi sioniste partout », raconte celui qui trouva, en 2012, asile politique en France, « terre de la liberté d’expression et des droits de l’homme », comme il aime à le dire, en fuyant le régime d’Assad.
« Une véritable renaissance » débute alors pour celui qui apprend à découvrir son pays d’adoption auquel il va profondément s’attacher. Mais une question majeure va vite le tarauder, à la lumière d’un passé traumatisé par l’islamisme : « Comment est-il possible qu’en France, pays de la laïcité, les intégristes soient si présents ? Qu’ils profitent de la démocratie pour y infiltrer leur idéologie ? » Ce qui le rebute au plus haut degré, c’est de découvrir une alliance entre l’extrême gauche et l’islam radical et son entrée dans une autre dimension, depuis les attentats du 7 octobre 2023.
Guerre territoriale ou guerre religieuse ?
Pour constater, comprendre et dénoncer, Omar Youssef Souleimane a notamment infiltré les manifestations de La France insoumise depuis deux ans, fournissant un sérieux travail d’investigation pour démasquer les liens qui unissent nombre de parlementaires LFI et des individus ou organisations qui, quand le vernis s’écaille, laissent apparaître un fanatisme à faire froid dans le dos. C’est ce travail d’enquête qu’on retrouve dans Les Complices du mal, qui vient de paraître ce jeudi 2 octobre aux Éditions Plon. Un livre précieux pour ceux qui douteraient encore de l’existence d’un islamo-gauchisme, pernicieux et sournois, en pleine extension. Montrer comment LFI a adopté la défense de la cause palestinienne en se concentrant sur Israël tout en occultant le but originel du Hamas : déconstruire l’État hébreu. Oublier la dimension religieuse du conflit israélo-palestinien pour ne le considérer que dans sa dimension territoriale, faire ainsi l’impasse sur l’origine du djihad, du Hamas et de toute organisation terroriste islamiste. L’auteur va à la source lorsqu’il cite à dessein Hassan al-Banna, fondateur, au début du XXesiècle, des Frères musulmans qui « donneront leurs vies et leurs biens pour que chaque parcelle de la Palestine reste islamique et arabe, jusqu’à ce que Dieu hérite de la terre et de tout ce qu’elle contient », disait-il. L’auteur démontre comment, après les attentats du 7 octobre, les Insoumis ont très rapidement supprimé les références au Hamas et au terrorisme pour ne s’attacher qu’« au discours victimaire des islamistes » pour se rapprocher d’eux à des fins électoralistes.
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« Si Gaza brûle, Paris brûlera aussi »
Pas un mois sans que La France insoumise ne participe, quand elle n’en est pas à l’origine, à des rassemblements, place de la République ou de la Nation, en faveur de la cause palestinienne : « Dénoncer le génocide à Gaza », « libérer la flottille interceptée », « briser le blocus ». L’auteur se dissimule derrière des lunettes de soleil et peut rapporter dans le détail ce qu’il voit.
Comme le 8 septembre 2024, quand on retrouve les députés Rima Hassan, Thomas Portes, Manuel Bompard, Ersilia Soudais à la tribune, place de la Nation, accompagnés d’Elias d’Imzalène, de son vrai nom El Yess Zareli, fiché S, prédicateur salafiste et conseiller politique d’Urgence Palestine, une organisation dont le directeur, Omar Alsoumi, est un ancien membre du Mouvement de la jeunesse palestinienne à Paris et militant au Youth Movement, affilié au FPLP (Front populaire de libération de la Palestine) classé comme organisation terroriste en Europe. « Israël assassin, Macron complice » et, en arabe, « Du fleuve à la mer, la Palestine est arabe » sont des slogans rapportés par l’auteur. Imzalène prononcera ces mots : « C’est un génocide, et avec les génocidaires, il y a les complices. […] » Toujours en présence des parlementaires insoumis, prendra la parole, ce jour-là, Ramy Shaath, Palestino-Égyptien, qui postait, le 28 mai 2024, sur Facebook, ce message : « Si Gaza brûle, Paris brûlera aussi. »
Les exemples sont malheureusement légion, dans ce livre riche et précieux qui devrait donner du grain à moudre à la commission d’enquête parlementaire sur les liens entre l’islamisme et les partis politiques, quand elle se sera trouvé un président. Des révélations qui ne feront pas tomber de la Lune le lecteur de Boulevard Voltaire mais qui lui permettra de découvrir l’ampleur stupéfiante d’un phénomène et les profondeurs de ses racines.
La « gauche halal », comme la qualifie Souleimane, n’est pas sereine, au point qu’elle tenta, il y a trois semaines, d’intimider par voie judicaire la maison d’édition Plon en la menaçant de poursuites pour « propos infondés et attentatoires à l’honneur et à la réputation de La France insoumise ». Intéressante motivation pour se rendre en librairie.
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