Celui que ses amis infidèles ne peuvent oublier / Celle qui n’est elle-même que dans ses lettres d’adieu / Ceux qui partagent les mêmes sentiments sans s’en douter / Celui qui vit tout ce qu’il a imaginé / Celle qui retrouve cette amie d’enfance qui lui évoque une pendule arrêtée / Ceux qui se creusent des tombes dans la neige / Celui que son imagination du pire préserve de toute déception / Celle qui répond à toute bassesse par un regard soutenu / Ceux qui s’éloignent sans peser / Celui qui découvre les champs de Castille avec la certitude d’en avoir rêvé / Celle qui cherche ton souvenir dans les rues de Sienne / Ceux dont le ricanement t’a blessé / Celui qui ne revient que par intérêt / Celle qui n’a jamais été accueillie par quiconque / Ceux que même leurs sourires démasquent / Celui qui est amoureux des écrivains secrets / Celle que le nom des îles Lofoten remplit de mélancolie / Ceux qui pensent n’être jamais à leur place / Celui qui a expiré entre tes bras / Celle qui a souffert d’être qualifiée d’épisode dans l’autofiction du romancier à succès Untel / Ceux qui prétendent avoir vu Thomas Pynchon à la pharmacie de le rue Vaneau et en font un plat / Celui qui réserve un hôtel n’importe où pour y séjourner il ne sait combien de temps, etc.
Thierry Vernet, Au bord du Cher. huile sur toile. P.p.JLK