Monsieur St-Pierre Plamondon,
Si je vous écris aujourd’hui, ce n’est pas pour jeter de l’huile sur le feu. Vous avez secoué le monde culturel avec vos propos sur son « aplaventrisme » et sa « vacuité intellectuelle ». Permettez-moi de vous proposer un autre regard, non pas pour vous blâmer, mais pour réfléchir ensemble à ce qui nous unit, plutôt qu’à ce qui nous divise.
À retenir
- Le problème est dans la forme;
- L’importance de la conversation;
- Ensemble, on est plus forts.
Un malaise réel… mais mal ciblé
Oui, il existe un inconfort chez plusieurs créateurs québécois face au financement fédéral. Oui, certains se demandent si la dépendance aux subventions limite la liberté artistique. Oui, plusieurs artistes ont parfois peine à se sentir entendus à Québec comme à Ottawa. Sur le fond, votre inquiétude pour la protection de la culture québécoise n’est pas illégitime.
Le problème, c’est la forme. Quand on vise une partie substantielle du milieu culturel, on frappe trop large. On rate la nuance. On oublie que derrière chaque spectacle, chaque roman, chaque série, il y a des humains qui se débattent déjà avec la précarité, l’incertitude et les compressions.
Ces gens-là ne méritent pas d’être ramenés au rang de symboles politiques.
Et si on choisissait la conversation plutôt que la confrontation?
Vous êtes un leader nationaliste, apprécié pour votre courage et votre franchise. Imaginez un instant si cette même franchise servait à ouvrir des portes plutôt qu’à en claquer.
Le monde culturel n’a pas besoin d’être sermonné.
Il a besoin d’être écouté, pris dans nos bras.

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Les québécois ont besoin d’un gouvernement qui comprend qu’une culture forte ne se construit ni dans la peur de déplaire, ni dans l’idée de « loyauté ». Une culture forte, ça se construit dans la confiance. Et soyons honnête, un genre de confiance qui se nourrit d’un minimum d’argent, peu importe s’il est provincial ou fédéral.
Pour un Québec qui débat sans se déchirer
Cher PSPP, votre voix compte. Mais celles des artistes aussi, fédéralistes, nationalistes ou pessimistes. Le Québec a besoin de tout le monde.
Et si on transformait cette crise en occasion? Non pas pour trancher qui aime le plus son Québec, mais pour mieux comprendre comment on peut le servir ensemble, sans procès d’intention. Je vous écris cette lettre avec respect, mais aussi avec l’espoir que, cette fois, le dialogue prendra le dessus sur les divisions.
Si votre idée d’un Québec souverain est si importante, vous allez avoir besoin de tout le monde… même de ceux qui, selon vos paroles, souffrent « d’aplaventrisme » devant les institutions fédérales qui les financent.
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