- Papa
- Oui mon cœur
- Tu m’aimeras toujours ?
- Toujours, promis ! Mais pourquoi cette question ?
- A cause d’Amélie.
Gérard ne répond pas.
Bercés par le roulis du bateau, serrés l’un contre l’autre en cette fin d’après-midi, le père et l’enfant se laissent porter par la nostalgie de cette fin d’après-midi qui clôt la semaine de vacances qui les a réunis. Dans un peu plus d’une heure, c’est le retour sur la terre ferme, c’est la séparation programmée, c’est le retour à la norme, norme qu’Elodie avait presque fini par oublier, Gérard également.
- J’aime Amélie, c’est vrai mais ce sont des amours de grandes personnes qui n’ont rien à voir avec l’amour que je te porte. Pour moi, tu seras toujours la personne qui compte le plus au monde, sache-le et garde-le bien en tête. Je t’aime et je t’aimerais toujours.
- Et maman, tu l’aimes plus ?
En entendant ces mots, il serre encore plus fort le petit corps tout chaud blotti contre lui. C’est dur de vivre séparés, c’est dur de faire porter à son enfant le poids des mésententes d’un couple qui s’est aimé pour finir par se déchirer.
- Ta maman et moi on s’est beaucoup aimé et on s’est fait un beau cadeau : toi. J’aime ta maman parce que c’est ta maman et c’est important mais c’est vrai que je ne l’aime plus comme avant.
- Depuis que tu as Amélie ?
- Oui et non, c’est plus compliqué que ça mon trésor. Quand tu seras grande, tu comprendras un peu mieux peut-être ?
- C’est ce que maman dit toujours mais je suis grande, j’ai 7 ans.
Il sourit à cette réponse. Il prend le visage d’Elodie entre ses paumes et la regarde intensément.
- C’est vrai que tu grandis mais une chose après l’autre. Nous en reparlerons, promis. Pour l’instant, il nous faut rentrer, tu m’aides à faire la manœuvre ?
Un sourire nait sur le visage d’Elodie, elle se met rapidement debout et d’un ton fort, au garde à vous, lance.
- A vos ordres capitaine !
Le capitaine lui caresse les cheveux, il a certes évité une discussion pénible mais il sait que ce n‘est que partie remise. La vérité, il va devoir l’affronter, il a peur du regard qu’Elodie lancera sur lui, sur la façon dont il a agi…mais demain est un autre jour et il décide de profiter de l’instant présent.
- Hissez la voile matelot, nous rentrons au port !
*Merci à PR pour ce beau coucher de soleil sur le lac léman