Magazine Journal intime

Super Mario Kart IRL.

Publié le 09 septembre 2008 par Mélina Loupia
Prête à tous les sacrifices pour m'évader un peu, j'ai pris sur moi dimanche dernier et suis arrivée du premier coup à me lever avant que le réveil dégueule la météo dominicale. Je ne vois pas l'intérêt d'apprendre les volets fermés qu'il va pleuvoir des brocolis si c'est pour constater une fois de plus deux minutes plus tard, la gueule totalement enfarinée et les yeux en capote de fiacre qu'il fait soleil et que la météo devrait être classée au rang des sciences divinatoires. Quoi qu'il en soit, je me suis levée de bonne heure et pleine d'entrain, comme le reste de la baraque. Une fois n'est pas coutume, on allait foutre le camp toute la journée et sans famille. Juste entre amis. Plus collègues qu'amis, mais qu'importe. Au programme, tout un programme d'activités prévues. On allait se faire baptiser sur un circuit de karting la matinée, manger une bonne paella le midi et décider en fonction de nos états respectifs ainsi que ceux de nos estomacs et foies du devenir de l'après-midi. "Et pourquoi on irait pas au cinéma et enfin au Mc Do? -Il reste des tickets restau? -Bien-sûr, et en plus, j'ai cinq places gratuites pour le cinoche. -En gros, elle va nous coûter combien, cette journée de famille aisée? -En gros, quelques litres d'essence à cause de cette Kacahuète merdique qui pompe plus vite et mieux que Monica, et des merdes chocolatées pour faire des bruits de bouche et emmerder le monde pendant le film. -Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop surcré, trop salé et pratiquez une activité physique régulière. -Et papa, elle rejette combien de grammes de CO2 cette caisse pourrie et moche comme un psoriasis? -Alors là, c'est clair qu'aujourd'hui, on va être moyennement civiques, entre la synthèse des karts, l'apéro, la paëlla, les pop-corn et les Maxi Best Of, mais bon, quand on aime, on se pète le ventre et c'est tout. -Maintenant que le bénécité est prononcé, en route mauvaise troupe." On a fait du kart toute la matinée. On a bu l'apéro en plein soleil parce qu'on a pas compris comment déplier les parasols. On a mangé la paëlla à l'intérieur. On a fumé et bu le café dehors. L'après-midi, c'est les enfants qui ont fait du kart. On est repartis après le début de la séance de seize heures. On s'est arrêté au Drive et on a tout fait réchauffer à la maison en rentrant. On s'est gavés. De tout. Des gens. De soleil. De rires. De honte, surtout moi. La seule sur cinquante coureurs à m'élancer la première sur le circuit et à m'arrêter pour respecter la priorité à droite. La seule sur cinquante coureurs à faire la toupie et à manquer de repartir en sens inverse. J'ai pas fini dernière, la galanterie masculine fait encore partie des us et coutumes du Comité d'Entreprise. "Mais c'est normal maman, t'as jamais voulu jouer à Super Mario Kart. -Non, je respecte trop les animaux pour ça, et balancer des tortues sur un circuit de kart, je trouve ça cruel." "Mais maman, elle est floue la photo. -Oui, je sais pas pourquoi. -Tu crois qu'ils croiront que c'est toi sur la première marche? -Ah oui, votre mère a moins de poitrine que les gars du dépôt, et est aussi féminine et élégante qu'un balai à chiottes, alors tout est possible. -Oui, mais maman, elle respecte les priorités à droite. -Et les tortues aussi."

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