Patiente neerlandaise

Publié le 10 septembre 2008 par Docrica

Fin de semaine dernière, le burkina fasso s'était présenté au cabinet à travers cette patiente qui avait soulevé le problème de la "prise en charge" financière dans le système de santé français.

Cette semaine, c'est les Pays-Bas (néerlandais) à travers une dame d'une soixantaine d'année.

Vers 18h, le début officiel de mes consultations "sans rendez-vous",  raccompagnant le dernier patient "sur rendez-vous" jusqu'a la salle d'attente , je constate un spectable habituel mais surprenant.

En effet, la salle d'attente est pleine, une bonne douzaine de patients sont déja là. C'est surprenant, on se croirait déja sur les mois d'hiver.  La rentrée scolaire et universitaire aidant, les petites épidémies recommencent. Epidémies de petit virus, mais aussi épidémies de "certificat d'aptitude à des sports" ou autres certificats divers et variés.

Un rapide coup d'oeil panoramique me fit apercevoir un couple , aux cheveux grisonnants, dont la dame avait le bras en écharpe.

Le temps de voir quelques patients dont un pour l'excellentissime "Certificat d'aptitude physique à la pétanque" ( !!!! Honteux ... mais c'est un autre sujet),  ce couple se lève et pénètre le cabinet.

Elle: "Che parleu oun pé francé"

Oulla.. aie. Ca s'annonce pas ... "facile".

Elle: "Che bindéfalle dé min ! Oh !!!"

Heu.. bon.. ca s'annonce même .. très difficile.

Moi: "Moi y en avoir rien compris ! Monsieur parle français ?" en haussant la voix, comme si elle était sourde (c'est con hein ? mais c'est automatique d'hausser la voix pour "se faire comprendre" d'un étranger..) . Et la réponse fut non.

L'interrogatoire débute en français très lentement (avec l'accent du sud , bien sur ).

Moi: "Qu'est ce qui s'est passé ?"

Raté. Elle regarde son époux, parlent en "schlumenube nube" pour me rétorquer à nouveau.

Elle: "Che parleu oun pé francé. Che bindéfalle dé min !!"

Ne me demandez pas ! Je ne sais toujours pas ce que veut dire , la dernière phrase.

Après quelques tentatives peu fructueuses en français (elle sait répondre Oui / Non .. mais elle comprend pas vraiment les questions... c'est pas très utile du coup), on tente l'anglais.

Y a du mieux. Au moins elle comprend les questions, parfois avec l'aide de son mari, et les réponses dépassent le stade du oui/non. Il faut avouer qu'ils ont du mérite ! Car comprendre un anglais approximatif d'un toubib avec un accent du sud de la France qui ne parle jamais la langue...ça relève presque de l'exploit !

Elle était sur une chaise, s'est penché sur le coté, la chaise a glissé, et elle a chuté sur la paume de la main droite, en essayant de se rattraper. Elle a mal au poignet, et ne peux presque plus le bouger.

La simple description de la chute permet déjâ d'évoquer un diagnostic, la Fracture de Pouteau-Colles.  C'est une fracture classique d'avant bras, tout proche du poignet dont les circonstances typiques de survenue sont similaires à celles de l'histoire de cette bonne femme.

L'examen clinique consista a vérifier que le poignet était bien cassé, qu'il n'y avait pas de "compression" urgente à opéré.

+2 points: le mécanisme de la chute est en faveur du pouteau-colles

+1 point : elle a du mal à bouger la main, mais j'arrive à la lui bouger de manière passive. Ca concerne donc certainement pas le 'carpe'.

+1 point: je vois une belle saillie sous la peau sur le bord interne du poignet

-1 point : cette saillie est bien molle, ce n'est peut etre que du sang, et pas un bout d'os cassé

+1 point: quand je tire doucement dans l'axe (et donc qu'on décompresse l'éventuel foyer de fracture), elle a moins mal .. alors que si au contraire je pousse le poignet vers le coude, elle a encore plus mal.

Les doigts bougent tous, elle les sent tous, et le poul est percu :  il n'y a pas d'extrème urgence.

Au total... il y a de bonne chance que ce soit une fracture du poignet, dites de pouteau-colle, et dont le traitement est bien souvent chirurgical. Il faut confirmer la fracture par une radiographie.

Mais voila.. il est 19h30 maintenant, et à la campagne, sans hopital , sans urgences, avec un centre de radiologie qui ferme à 18h, un laboratoire de biologie qui ferme lui aussi à 18h.. même en sortant mon opinel, il va m'etre difficile de faire plus.

Je lui explique qu'il faut aller dans une des villes de la région, au choix la "grosse" à 1 h, et la "moyenne"  à 40 minutes. On décide de partir sur celle à 40 minutes, et je préviens l'urgentiste de l'arrivée prochaine de cette touriste neerlandaise au poignet probablement cassé.

Je lui imprime un plan google de "trajet", lui donne un courrier.

Elle: "Thank you very much. How much ?"

Moi :"eu ... twenty two euros"

Elle , en se retournant vers son mari "chlumenube nube ? nube flute !!"

Elle me tend la "carte sociale europeenne".

Je sens comme un malaise.

Moi :"Dont worry, your insurance will pay you back !" (oui oui , avec l'accent et les fautes dedans :!)

Elle: "No, no ... ! It's.... CHEAP !!"

Moi: "Hmm .. Yes ? How's that ? How much in nederland ?"

Elle: "About thirty six euros, and for very few minuts, really !"

Elle: "Thanks your very much for your time."

.. ou un truc comme ça... Je traduis pas, seul ceux qui comprennent l'anglais agricole pourront polémiquer... et gniac.

Et oui.. encore un post ininterressant ! Promis, les hémorroides de X., 98 ans, c'est un de mes prochains posts.

Liens :

- http://orthopedie.com: la Fracture de Pouteau-Colles.