Patrick W. May est mort le 2 septembre dernier à Bagdad, devenant ainsi le 4.721ème « GI » mort au combat en Irak ou en Afghanistan (selon le macabre décompte du Washington Posthttp://projects.washingtonpost.com/fallen/ ), pour venger les 3.000 victimes des attentats du World Trade Center du 11 septembre 2001.
Dans le même temps, la loi du Talion de l’Oncle Sam aura tué plus de 150.000 iraquiens (dont une écrasante majorité de civils)et plus de 3.000 civils afghans (depuis 2006, source Human Rights Watch).
L’émotion suscitée par le 11 septembre fut colossale, et chacun se souvient où il se trouvait lorsque le deuxième Boeing est venu s’écraser contre la tour Sud du World Trade Center devant les caméras de CNN relayées dans le monde entier.
Le symbole était tellement fort, la puissance impériale US (le WTC) terrassée par une poignée de fanatiques, que l’impact fut maximum. Même si, au final, le bilan des victimes est « relativement modeste ». 3.000 corps sortis des cendres des tours jumelles. Mais 3.000 américains (ou résidents), ça vaut plus que 300.000 soudanais du Darfour, plus que 150.000 iraquiens, plus que10.000 kosovars.
Le mort américain vaut 100 fois plus que le mort du tiers monde. C’est une loi qui vient de nouveau de se vérifier avec les inondations de septembre : les 7 morts de Louisiane viennent de faire plus de bruit que les 800 Indiens morts sous les eaux de la Mousson.
Oui, en ce 11 septembre, nous nous souviendrons de ces châteaux de cartes qui s’effondrèrent brusquement. Et l’on se souviendra des voix discordantes, qui doutèrent, et doutent encore, de toutes les évidences assenées à l’issue de l’enquête. Mais on ne pourra rien en dire car douter de la version officielle est tabou, dans un monde occidental où la liberté de pensée est réservée aux pensées qui ne dévient qu’à la marge de la pensée dominante… ou imposée.
Oui, en ce 11 septembre, nous penserons tous aux 3.000 victimes du World Trade Center. C’est normal, pour elles, mais c’est injuste, pour toutes les autres, mortes ailleurs. Nous vivons dans la banlieue de Washington et notre regard sur le monde est plus qu’un regard occidental : c’est un regard américain.
Sauf à rester lucide, sauf à douter, sauf à chercher, sauf à comprendre…