Moi aussi, j'ai fait ma rentrée. Médicale s'entend. Changement de région oblige, j'ai changé d'équipe et de cadre. La chef de mission chargée de terrasser la méchante bête ressemble à Sigourney Weaver (ça tombe bien), toute en boucles et en rousseur car ici, ce n'est pas l'héroïne qui a le crâne lisse, mais les seconds rôles qui errent l'air hagard et la démarche titubante dans un dédale de couloirs couleur chamallow.
Un vaisseau spatial attitré (nom de code : VSL) vient me chercher chaque jour à des horaires variables. Le trajet jusqu'à la station - un gros bloc de verre et de briques posé près de la Garonne - dure une demi-heure. Arrivée sur place, je revêts une blouse bleue et passe un sas qui aboutit sur la salle de contrôle où trois assistantes en blouse blanche surveillent une rangée d'écrans.
J'entre alors dans une grande salle obscure tapissée d'écrans où apparaissent la photo de mon buste et des rangées de chiffres abstraits. Deux rais de lumière verte viennent se croiser sur un mur comme les lignes d'une cible. Au centre, trône une sorte de microscope géant. Je m'allonge dessous. En trois mouvements précis, il se positionne au-dessus de moi. Une lumière rouge s'allume sur ma droite. Ziiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. Un rayon laser me transperce. Durée de l'opération : 25 secondes.
Petit détail qui dénote dans ce décor high tech : tout ça se fait sur fond de Radio Nostalgie. Inutile de vous dire que quand c'est Sardou, on retombe méchamment sur terre !