Par la fenêtre

La pluie a envahi la rigole, pas de bol, l’été est pourri. Les gouttes s’étalent sur les vitres en de curieux méandres, avant de rejoindre les flaques qui inondent le trottoir. On dirait de petits lacs que jouxte le torrent tout proche. Il ne manque que les montagnes pour que ce décor d'un début inattendu de juillet ressemble au paysage des Dolomites de ma jeunesse.
Tiens, un petit escargot qui se risque sur la bordure. Il est suivi par un deuxième puis un troisième à l’allure plus incertaine. Tels les caravanes qui jadis contournaient le lac de Garde, ils se frayent un chemin entre la mousse et les mauvaises herbes qui envahissent les pavés.
Le vent se lève tout à coup et fait onduler l’eau qui stagnait. Je m’attends à voir apparaître quelques voiliers quand soudain une pointe de soulier me tire de ma rêverie. Je ne suis pas en Italie, il ne pleut plus, les escargots ont disparu, la rue est calme et les flaques me semblent bien moins profondes. Je tourne les talons et je me dirige vers la cuisine où refroidit ma tasse de café.