propos ascétiques LXXXVI

Publié le 12 septembre 2008 par Moinillon

Le Seigneur lui-même dit que Satan est tombé du ciel comme un éclair, afin que cet être hideux ne puisse même plus porter son regard vers les demeures des saints anges. Comment donc celui qui n'est pas jugé digne de la société des bons serviteurs, peut-il cohabiter avec Dieu dans l'esprit de l'homme ? Mais, diront-ils, cela arrive quand Dieu se retire. Cela ne fera pas avancer leur raisonnement.

Quand Dieu se retire pour éduquer l'âme, Il ne la prive en aucune manière de la lumière divine ; le plus souvent, comme je l'ai déjà dit, la grâce cache sa présence à l'esprit, afin de se servir de la méchanceté du démon pour pousser l'âme, en quelque sorte, à chercher le secours de Dieu, dans une crainte parfaite et avec beaucoup d'humilité, parce qu'elle découvre peu à peu la méchanceté de son ennemi : de la même manière une mère, si l'enfant qu'elle allaite cherche à prendre le sein d'une façon déréglée, le repousse un temps loin de ses bras, afin que, effrayé par un entourage à l'aspect repoussant ou en face de bêtes quelconques, il se tourne à nouveau vers le sein maternel, dans sa peur et ses larmes. Mais quand Dieu se retire, parce qu'Il se détourne de l'âme, Il livre alors aux démons, comme enchaînée, l'âme qui refuse d'accueillir Dieu. Cependant, nous ne sommes pas des enfants de la déréliction, à Dieu ne plaise ! Nous croyons être les enfants légitimes de la grâce de Dieu, nourris par le lait de désolations légères et de consolations multiples, afin d'arriver sans retard, grâce à sa bonté, à l'état d'hommes faits, à la plénitude de l'âge.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos ascétiques. Cent chapitres.