Quand Dieu se retire pour éduquer l'âme, Il ne la prive en aucune manière de
la lumière divine ; le plus souvent, comme je l'ai déjà dit, la grâce cache sa
présence à l'esprit, afin de se servir de la méchanceté du démon pour pousser
l'âme, en quelque sorte, à chercher le secours de Dieu, dans une crainte
parfaite et avec beaucoup d'humilité, parce qu'elle découvre peu à peu la
méchanceté de son ennemi : de la même manière une mère, si l'enfant qu'elle
allaite cherche à prendre le sein d'une façon déréglée, le repousse un temps
loin de ses bras, afin que, effrayé par un entourage à l'aspect repoussant ou
en face de bêtes quelconques, il se tourne à nouveau vers le sein maternel,
dans sa peur et ses larmes. Mais quand Dieu se retire, parce qu'Il se détourne
de l'âme, Il livre alors aux démons, comme enchaînée, l'âme qui refuse
d'accueillir Dieu. Cependant, nous ne sommes pas des enfants de la déréliction,
à Dieu ne plaise ! Nous croyons être les enfants légitimes de la grâce de Dieu,
nourris par le lait de désolations légères et de consolations multiples, afin
d'arriver sans retard, grâce à sa bonté, à l'état d'hommes faits, à la
plénitude de l'âge.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos
ascétiques. Cent chapitres.