Tiens, prends celle là et celle là aussi ! Prends ça ... Tiens, et celle-ci tu l'as pas vu venir ! Hein ? On va t'en ficher ! Te rouer, c'est les ordres ! Tiens, celle là me démangeait !
Des fois les anges s'occupent de vous et leurs ailes alors sont comme une bourrée d'épines incandescente. Et leur aube de linge éthéré vous caresse aux reins, juste ce qu'il faut pour que comme on dit vous ne puissiez plus vous assoir durant au moins trois jours. Vous êtes bon chrétien pourtant et vous ne manquez pas un son de cloches. Vous avez le souci du feu qui résulte de vos prières, vous vous agenouillez dès qu'une ombre passe entre le soleil et vous. Depuis longtemps votre église a compris votre besoin d'être unique. Vous parlez à Dieu, rien de moins. En ça la Real TV a tout comprit qui met des confessionnaux en access prime time. vous parlez avec Dieu et quand la consultation s'achève vous avez pour votre comptant de blancheur sépulcrale et vous pouvez ainsi retourner parmi vos frères et vos soeurs, à de petits crimes insignifiant mais encore un peu lucratifs. Bénissez moi mon père car j'ai beaucoup péché (en orthographe surtout !).
Et malgré tout ... Tiens ! oh mais je l'avais oubliée celle-ci !
C'est que les anges qui vont au ciel sont pas les dupes du manège, pas plus que le vieux qu'un pape porte en sautoir et chargé comme une cadillac el dorado et bénissant les foules de curieux comme si ils étaient fidèles à quoi que ce soit sauf à l'heure qu'il est pour reprendre le bus. Les anges qui vont au ciel en passant par l'entrée de service et se frisent les rémiges en piqués prodigieux fondent sur vos péchés mignons et vous gavent de coups avec des sourires de compassion sincère. Et dans le soir où peu à peu la paix et le silence remettent à leur place les brins d'herbe sèche et les déserts, loin du coeur des hommes, un orage enfin se lève de l'horizon aux lèvres incarnées d'iris rose, le vent défroisse les billets à ordre. Là où nous n'écrivons plus le gain escompté pour une prière, les anges lisent la volée de bois vert à la quelle en faussant la route nous nous sommes engagés. Et là bondissent leurs caresses aimantes, leur leste consolation.
Fausse route, chemin détournés, cul de sac, petites menteries d'enfant irréductible. Du rouet sur lequel filent les anges vibre et se tend le fil de nos vies et à chaque boucle de cheveux d'un ange nous renaissons des coups.