La désolation éducative apporte à l'âme beaucoup de chagrin, d'humiliation et
un désespoir mesuré, afin que la partie de l'âme qui aime la gloire et qui se
laisse soulever par les passions parvienne à l'humilité comme il convient ;
mais aussitôt, elle suscite dans le cœur la crainte de Dieu, les larmes de
l'aveu et un grand attrait pour la beauté du silence. Par contre, la désolation
qui provient de ce que Dieu se détourne de l'âme, laisse l'âme se remplir à la
fois de désespoir, de doutes, de colère et d'orgueil. Il faut donc que nous
connaissions l'expérience des deux désolations pour aller à Dieu, selon le mode
adapté à chacune d'elles.
Dans le premier cas, nous devons présenter à Dieu notre action de grâce
jointe à notre demande de pardon, parce qu'Il châtie le dérèglement de notre
volonté, en suspendant ses consolations, afin de nous enseigner comme un bon
père la différence entre la vertu et le vice. Dans l'autre cas, confessons sans
nous lasser nos péchés, avec des larmes continuelles, une retraite plus grande,
afin d'arriver ainsi par un surcroît de travaux à fléchir Dieu, pour l'amener à
regarder nos cœurs comme auparavant. Cependant, il faut savoir que si Satan
s'engage réellement dans le combat contre l'âme, je parle du cas de la
désolation éducative, la grâce, comme je l'ai dit, se cache sans cesser malgré
tout d'apporter en secret son secours à l'âme, pour faire apparaître aux
ennemis de l'âme que la victoire ne relève que d'elle seule.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos
ascétiques. Cent chapitres.