Magazine Humeur

Mièvreries

Publié le 12 septembre 2008 par Didier T.
Photo Art Shay - High School Hangout
Elle se tenait droite comme un i sur la vieille estrade. Je priais en silence pour que le bois qui semblait un peu pourri plie sous son poids. Mais, non, rien ne se passait. Alors, je faisais comme si ce n’était pas à moi qu’elle s’adressait. Je regardais par la fenêtre le vent faire bouger les feuilles des arbres d’automne.
- Si vous ne vous intéressez pas à ce texte, vous allez avoir de gros ennuis !
Les ennuis, c’est ce texte, ce délire, cette vieillerie du 17 ème siècle. Rien à faire des petits émois de La princesse de Clèves.
- Vous ne savez pas vibrer, vous ne savez pas ressentir les frissons qui traversent ce livre, vous ne savez pas aimer, vous ne comprenez rien à l’amour, à l’amour avec un grand A. Vous n’êtes pas romantique.
Je ne comprenais rien à ce qu’elle voulait. A cette époque je préférais les traités d’économie à l’amour selon Madame De la Fayette. Ou alors, il me fallait des textes un peu sulfureux. Du Baudelaire, oui, pour comprendre l’alchimie du bas du ventre. Mais l’amour, quelle sérénade !
Cette femme me haïssait. Elle n’avait que ces mots à la bouche « vous vous ennuyez ». Elle a convoqué ma mère. Elle lui a dit que « je m’ennuyais ». Ma mère lui a ri au nez. Eviter que je m’ennuie n’a jamais fait partie des priorités de ma mère. Elle n’estimait pas que son rôle était de me distraire. Pour ça, il a toujours fallu que je me débrouille seule.
Ce soir j’ai regardé Arte, la libre adaptation de la Princesse de Clèves par Christophe Honoré.
Bon, ça s’est mieux passé que pour le livre. J’ai vieilli. Je suis devenue raisonnable.
Ca se passe dans un lycée, c’est parfois un peu compliqué (histoire de Matthias, de Martin et d’Henri et et de Marie et de Jeanne et d’Esther). On se croirait, finalement, peut-être, plus chez Andromaque de Racine que chez la Princesse de Clèves de Madame de La Fayette.
Nemours (Louis Garrel) est décidemment très beau. Junie aussi est agréable. Et puis Otto aussi. Tout le monde parle bien. C’est juste l’intrigue, exactement comme dans La princesse de Clèves, qui franchement, est compliquée. Faut s’accrocher. C’est pire que dans un traité d’économie. 
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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