Faute d'avoir compris cela, certains ont pu penser que dans l'esprit des
combattants se trouvent deux personnages comme des antagonistes. Ainsi, dans un
même moment, il arrive à l'âme d'entretenir des pensées bonnes aussi bien que
des mauvaises, de la même manière que l'homme, dans l'exemple évoqué plus haut,
au même instant, frissonne et se réchauffe. Depuis que notre esprit a glissé
vers la double connaissance (du bien et du mal), il est nécessaire qu'il
produise, même sans le vouloir, au même moment, des pensées aussi bien
mauvaises que bonnes, surtout pour ceux qui sont parvenus une certaine finesse
de discernement.
Sans cesse, dès que l'esprit s'attache à quelque bonne pensée, se présente à
lui en même temps le souvenir du mal, puisque, depuis la désobéissance d'Adam,
la mémoire de l'homme se trouve divisée entre deux pensées contraires. Si donc
nous commençons, avec un zèle fervent, à observer les commandements de Dieu, la
grâce, en éclairant tous nos sens dans une perception profonde, brûle de son
feu toutes nos pensées, en même temps qu'elle réjouit notre cœur dans la paix
d'une amitié solidement établie, et nous amène à entretenir des pensées
spirituelles et non plus charnelles. C'est continuellement le cas de ceux qui
s'approchent de la perfection et gardent sans cesse dans leur cœur le souvenir
du Seigneur Jésus.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos
ascétiques. Cent chapitres.