propos ascétiques LXXXIX

Publié le 15 septembre 2008 par Moinillon

Par le baptême de la régénération, la grâce sainte nous apporte deux biens, dont l'un surpasse infiniment l'autre. Mais elle accorde le premier dès le début : dans l'eau même, elle nous renouvelle, illumine tous les traits de l'âme, c'est-à-dire l'image de Dieu, en les nettoyant de toutes les traces laissées par le péché. L'autre don ne viendra que plus tard, pour agir avec nous : c'est la ressemblance. Donc, lorsque l'esprit commence à goûter, dans une perception profonde, la bonté de l'Esprit Saint, alors nous devons savoir que la grâce commence à peindre sur l'image, comme une esquisse, la ressemblance.

En effet, de la même manière que les peintres commencent à dessiner d'une seule couleur l'esquisse d'un homme et ensuite l'épanouissent en ajoutant couleur sur couleur, pour conserver la forme de ce qui est représenté jusqu'au moindre cheveu, de même aussi la grâce de Dieu, par le baptême, commence à restaurer les traits de l'image, pour les ramener à l'état où ils se trouvaient lorsque l'homme fut créé. Et quand elle nous voit désirer de tout notre être la beauté de la ressemblance et nous tenir nus et sans exaltation dans son atelier, alors elle épanouit en nous vertu sur vertu et élevant l'âme de gloire en gloire, elle met en elle les traits de la ressemblance.
Ainsi donc, la perception qu'en prend notre esprit révèle que nous nous transformons à la ressemblance, mais c'est l'illumination de la grâce qui nous fera connaître la perfection de la ressemblance. En effet, toutes les autres vertus, l'esprit, progressant selon une mesure et un rythme inexprimables, les reçoit par le sens, mais la charité spirituelle, on ne peut l'atteindre que si on est illuminé en toute plénitude par l'Esprit Saint. Car si l'esprit ne reçoit pas en perfection la ressemblance, par l'effet de la lumière divine, il peut bien posséder presque toutes les autres vertus, il reste cependant privé de la charité parfaite.
En effet, lorsqu'il a été rendu semblable à la vertu de Dieu, autant qu'il est possible à un homme, alors, il porte aussi la ressemblance de la charité divine, De même en effet que, dans les portraits, tout l'éclat des couleurs, ajouté à l'image, conserve jusqu'au sourire la ressemblance avec le modèle, de même chez ceux dans lesquels la grâce divine reproduit la ressemblance divine, l'illumination de la charité, si elle s'ajoute, révèle que l'image a totalement atteint la beauté de la ressemblance. Car l'impassibilité, aucune autre vertu ne peut la procurer à l'âme, sinon la charité seule. Car l'amour est la plénitude de la loi (Rm l3, 10). Ainsi, donc, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour dans le goût de la charité et il trouve sa plénitude dans la perfection de la charité.
Saint Diadoque de Photicé : Les propos ascétiques. Cent chapitres.