Discrimination

Publié le 17 septembre 2008 par Pat La Fourmi
Vu sur La Dépêche.fr - Sylvie Ferré | 17 Septembre 2008 | 09h21

Castres. Un cadre handicapé dénonce une discrimination

A l'heure où les Paralysés de France dénoncent la pauvreté des personnes en situation de handicap, un autre combat se dessine.
Aujourd'hui, à 15 heures, les adhérents tarnais de l'association des Paralysés de France (APF) ont décidé d'interpeller François Philizot, préfet du Tarn, sur les problèmes financiers des handicapés. Cette action sera suivie, le 9 octobre, par une nouvelle mobilisation concernant cette fois la lutte contre la discrimination (voir encadré). Ce sujet est au cœur d'un dossier en cours d'analyse par le conseil prud'homal de Castres.
 L'affaire devait être plaidée hier matin, elle le sera finalement début décembre. Jean-Christophe Chartier, 42 ans, devra revenir à Castres, comme hier, avec son fauteuil roulant, pour assister à la plaidoirie de son avocate qui n'a pu être présente.

En 2001, ce Nantais, père de famille, connu et reconnu professionnellement, a intégré un cabinet du Pays castrais spécialisé dans la formation, en qualité de consultant-formateur. Jusqu'en janvier 2008, « date à laquelle j'ai été licencié», déclare-t-il, estimant être victime de «discrimination vis-à-vis d'un salarié handicapé, le motif de licenciement reposant sur des causes irréelles et fallacieuses».

Il indique: « Au départ, j'intervenais dans le Grand Sud, auprès de grands groupes industriels. Je marchais mais j'éprouvais des soucis au niveau de ma démarche. Courant 2003, j'ai su que je souffrais de sclérose en plaques, maladie évolutive. Petit à petit, mon champ d'interventions s'est érodé. »

Par décision médicale, en 2006, l'emploi temps plein de ce cadre handicapé est passé à mi-temps. Fin 2007, des recommandés et avertissements successifs lui ont été adressés par son employeur, s'appuyant sur des plaintes de clients dénonçant des propos malveillants à leur encontre, entre autres. Jusqu'au licenciement.

L'action qu'il mène auprès du conseil de prud'hommes, « c'est pour faire évoluer les consciences. Une activité professionnelle, en l'occurrence celle de formateur, permet à un cadre handicapé d'exister et de guérir. »

Une action qu'a du mal à comprendre son employeur qui, par la voix de son avocate Me Théodora Mylonas, du cabinet Coteg-Azam de Toulouse, affirme avoir fait le maximum pour faciliter la vie de son employé. « La société a rempli ses obligations professionnelles », indique l'avocate qui estime même que son client est allé encore plus loin que les recommandations de la médecine du travail en « adaptant son poste de travail, en aménageant son véhicule pour les déplacements et en sensibilisant les entreprises dans lesquelles il allait faire des formations pour qu'il soit accueilli dans les meilleures conditions par rapport à son handicap ». L'avocat précise que Jean-Christophe Chartier a saisi les prud'hommes « pour faire rompre son contrat de travail au tort de son employeur ».

« Mais mon client n'a jamais mis en cause les compétences professionnelles de cet employé,» affirme l'avocate qui reconnaît cependant les reproches faits au salarié. Mais il s'agissait de griefs d'ordre comportemental.  Selon elle, l'entreprise a reçu des plaintes, de certains de ses collègues ou de personnels des sociétés où le cadre intervenait, pour des problèmes relationnels…

Des arguments qu'elle développera, bien sûr, lors de sa plaidoirie, face à ceux avancés par Me Isabelle Chèvre, du cabinet SJOA de Nantes, défenseur de Jean-Christophe Chartier. Le 2 décembre, à partir de 9 h, les conseillers prud'homaux de Castres devront en effet juger ce dossier ambigu.


«Lutter contre la discrimination...»

Selon la délégation APF du Tarn, qui se mobilisera le 9 octobre, « le handicap est une des principales causes de discrimination en France. Parfois imperceptibles, souvent suggérées, toujours humiliantes, les discriminations dont sont victimes les personnes en situation de handicap sont quotidiennes : refus d'accès aux transports publics, refus d'entrée dans un lieu public, refus d'accès à l'école, à un emploi, un service, un prêt bancaire, un logement, refus de conserver un salarié lors de la survenue d'un handicap…» Des situations qui découlent de nombreuses idées reçues sur les personnes handicapées. La lutte contre les discriminations est d'ailleurs un axe majeur du nouveau projet associatif de l'association Acteur et Citoyen. L'APF a donc décidé de pointer du doigt et de démonter ces idées reçues en organisant «une opération nationale de sensibilisation pour amener le grand public à changer de comportement envers les personnes en situation de handicap. »