Envie de glace

Publié le 18 septembre 2008 par Anaïs Valente

Un soir d'été.  19h.  Petite musique.  Comptine.  Musique de mobile enfantin.  Musique du marchand de glaces.  Je réalise alors que, même si je squatte dans mon chtit appart depuis plusieurs années, jamais je ne suis descendue m'offrir un cornet chez le marchand de glaces ambulant.

Grosse lacune.

J'ai envie d'une glace.

Là.

De suite.

Comme quand j'étais ado, et, qu'avec mes amies du quartier, nous attendions impatiemment Jean-Pierre.  Jean-Pierre était notre grand pote.  Nous faisions la tournée avec lui, chaque soir.  Servions les gourmands.  Et puis je m'offrais une demi-boule chocolat, et une demi-boule banane, avec de la crème fraîche.  Et des copeaux de chocolat.  Tout ça pour le prix d'une boule, il n'était pas regardant Jean-Pierre.  Et il était cool. Et j'adorais servir des glaces aux amateurs, assistée de Jean-Pierre.  Souvenirs souvenirs.

Vu que je suis affalée sur mon canapé, en petite tenue, je cours dare dare dans ma chambre, je plonge dans un jeans, j'enfile un T-shirt, je saute dans mes baskets, j'attrape mon sac, mes clés, et je descends m'offrir une glace.

Tout cela ne m'a pris que quelques secondes à peine, mais la musique s'est éloignée.  Drame international.

Je l'entends encore, dans le lointain.

Alors je sors.  Et, telle Super Jaimie, je tends l'oreille, afin de déterminer son origine.  Douée comme je suis, je m'oriente à l'opposé de l'endroit oùsqu'elle doit être, cette fameuse camionnette, car après cent mètres, je n'entends plus rien.  Rien de rien.

Alors je fais un petit tour du quartier, espérant voir surgir la camionnette magique.  Mais rien.  Nada.  Le désespoir profond.  Et total.  Je m'affale sur un banc.  Durant de longues minutes.  Y'a un peu de soleil.  Et je rêve d'une glace.  Je garde encore l'espoir que le marchand fasse un petit tour pour venir ensuite me proposer ses milles saveurs, juste sous mon nez.

Mais rien n'arrive.  Le pire, c'est que j'entends encore vaguement la musique tant attendue, mais tellement loin qu'il me faudrait une voiture pour sillonner le quartier.

Alors je rentre chez moi, désabusée.

Et je passe la soirée à rêver de la glace que je n'ai pas savourée.

La vie est une lutte quotidienne, et ce soir, j'ai perdu une bataille.