Une nounou pour mes filles...

Publié le 19 septembre 2008 par Tazounette


Le nouveau rythme commence à se prendre, lentement mais sûrement. J’ai le cœur un peu étreint ces temps-ci par la nouvelle donne débutant cette année, et hélas pas l’ombre d’une perspective différente…

Je vois mes filles tellement moins cette année.

J’ai la sensation désagréable de ne pas profiter d’elles. Une entrevue à peine… Comme une promesse, puis si peu…

Je me lève le matin et je me bouscule… Je me prépare, je prépare le biberon qu’elles sifflent en deux temps, trois mouvements, puis les choses s’emballent. Habillage de l’une, de l’autre, on enfile les manteaux, on vérifie les doudous et en voiture. Un bisou à Lison et hop à la crèche. Quelques minutes de rabbe avec Anaïs le temps que la maîtresse arrive, un bisou, un câlin et hop je m’éclipse à nouveau… Je fais ma journée et pour qu’elle soit complète, c’est jusque 18h ou 18h15 puis je rentre et je n’ai qu’une heure. Qu’une heure pour profiter de mes filles bien fatiguées par leur journée…

J’assiste au difficile spectacle de les voir tenter de retenir la nounou qui éternise les au-revoir pour jouir de l’intérêt qu’elle provoque. Et mon cœur immanquablement se serre.

Cette jalousie si incontrôlable. Cette sensation ridicule de lui laisser les meilleurs moments : le bain, le moment où elles se détendent enfin, puis le repas qui les rend si pipelettes, si bavardes, leur langue se déliant et essayant maladroitement de raconter des moments de leur journée, quelques évocations à peine…

Ma vie qui tournait tellement autour d’elles l’an dernier, j’ai l’impression qu’elle se vide « un peu » de leur substance, comme si j’en étais presque dépossédée. C’est faux, je le sais, mais ça paraît tellement vrai. Elles me manquent, en vérité. Même leurs pleurs, même leurs cris, même leurs caprices et leurs colères ou leurs disputes. Leurs sourires, leurs regards malicieux.

Je savoure bien entendu autant qu’il m’est possible cette toute petite heure en leur compagnie en essayant d’oublier ma fatigue et la leur. Mais ça me paraît encore si fugace, tellement « trop peu »…

Je savais que j’aurais du mal à déléguer « mon rôle » à une nounou « gentille ». Je sais que les démonstrations d’Anaïs envers elle peuvent être de deux ordres : une petite vengeance contre sa maman absente… Ou et je penche pour cette solution-là, simplement la marque qu’elle n’a pas encore suffisamment confiance en elle, une façon de retenir un instant de peur de ne plus la revoir. Je ne devrais donc pas la jalouser, puisque le fait qu’Anaïs puisse se séparer de moi sans essayer de me retenir, sans verser la moindre larme, sans dire « non, maman, reste » c’est une profonde marque de confiance dans la certitude de mon retour.

Et pourtant j’ai ce pincement que je déteste… Et j’en voudrais presque à cette nounou de si bien garder mes filles, de si bien s’en occuper… C’est ridicule, je sais. Il faut que je prenne l’habitude. Avec la famille c’est si facile, je n’ai pas cette sensation de rivalité comme avec elle.

Je me sens comme dépossédée de mon rôle. Je sais que c’est idiot, que c’est moi leur mère, que les filles font bien la différence. Il n’empêche…

Ce n’est pas si facile. Je sais pourtant que c’est le lot de toutes les mères célibataires qui bossent avec des horaires décalés. Je n’ai pas à me plaindre, je peux prendre le temps de les déposer le matin, pas besoin de les mettre en « garderie » avant l’arrivée de la maîtresse… C’est déjà beaucoup.

Le verre à moitié plein, Tazounette. Concentre-toi sur le plein. Le temps en moins n’est qu’un point de vue, regarde le temps qu’il reste.
Tout ce temps déjà… Rien que pour elles et surtout, surtout, rien que pour toi…

(soupir)