Quand on mettra les cons sur orbite...

Publié le 19 septembre 2008 par Jar0d

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19/09/2008

Quand on mettra les cons sur orbite...

... les commentateurs de sites d'information n'auront pas fini de tourner !

Tout à la magie du "web participatif", du "web 2.0" et autre billevesées sémantiques, les principaux journaux, les sites d'information, se sont lancés dans la grande aventure du "commentaire de lecteur" tandis que les radios donnent "la parole aux auditeurs".

Cela part, bien évidemment, d'une application sereine et logique d'une maxime indécrottable et mal comprise depuis plusieurs siècles : "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être bien pourvu, que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en toutes autres choses n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont" (Descartes).

Relisez bien cette phrase. Elle ne veut absolument pas dire que le bon sens et la raison sont synonymes. Au contraire : à égalité avec le con le plus fini, l'esthète le plus insatisfait est persuadé d'avoir suffisamment de bon sens au point de ne pas en vouloir plus. Et, malheureusement, au point d'ajouter son commentaire ou son intervention.

Je ne dis pas que tous les commentaires sont stupides. Une minorité, notamment sur Rue89.com, enrichit l'article, le précise, le corrige, le complète, offre un regard différent ou relate une expérience personnelle de façon factuelle.

Mais la masse du commentaire d'information puise sa source dans la description d'une monde imaginaire :
- où des "eux", disposant de ressources illimitées, ayant le contrôle non seulement de l'économie, des relations sociales, de la finance, de la recherche scientifique, de l'information, de tous les trafics, de l'origine des guerres et du réchauffement climatique, le tout sans que jamais AUCUNE preuve ne filtre, contrôlent, manipulent, orientent et finalement dirigent le reste asservi de l'humanité, les "nous"
- où ces "eux" qui nous dirigent se voient à la fois reprocher tout ce qui arrive, tout ce qui n'arrive pas et tout ce qu'il aurait fallu, "avec du bon sens" évidemment, faire
- où "les autres" sont forcément aveuglés par la propagande officielle, tandis que les "nous" savent bien la vérité vraie, celle que l'on découvre avec "du bon sens"
- où la "vérité qu'on nous cache", c'est à la fois et simultanément, que le 11-septembre est un coup du gouvernement américain à la solde des industriels et qu'il n'a pas eu lieu, que "nos" dirigeants sont tous affidés de la CIA (tout comme l'était Ben Laden - au temps pour la fidélité... ha, pardon, c'est vrai qu'il faisait partie du complot, d'ailleurs il vit aux USA sous un faux nom) et aux lobbies, que les industriels passent leurs journées à imaginer des moyens d'empoisonner les populations , que toute invention technique est un piège et un danger pour le citoyen, que la démocratie est "confisquée" par des lobbies capables de convaincre la majorité mais pas, bien sûr, les éclairés commentateurs
- où toute dépense de l'Etat est une gabegie, tout impôt un vol, toute recherche scientifique un gaspillage, et où simultanément, c'est à l'Etat, grâce à l'impôt, et à la recherche de trouver des solutions à tout
- où un député absent de l'hémicycle est une honte et où l'on n'a de cesse de railler ces députés qui ne savent ni ne comprennent rien à rien (perso, s'ils sont nuls, je les préfère loin de l'urne...) et qui d'ailleurs, sont tous sous le contrôle de lobbies
- où il "aurait fallu", principe de précaution, prévoir tout incident possible et où, à chaque nouvelle règle de sécurité, "nous" sommes victimes de réglementations idiotes
- etc.

A ce niveau de conneries, j'ai décroché.

En réalité, c'est toute l'humanité qui a fait fausse route depuis le début. La physique, l'économie, le droit (aaaaah, le droit, grand moment de solitude), la diplomatie, l'art de la guerre, la politique, la médecine scientifique et toutes les sciences en général, y compris les maths, ne sont qu'une perte de temps, ne nécessitent vraiment pas que des gens y consacrent des années d'études : avec du "bon sens", on aurait pu trouver une solution plus vite.

Descartes avait effectivement compris : le "bon sens" est une denrée inépuisable, infinie et équitablement partagée par tous.

La preuve.

15:13 Publié dans Polis, -itis : la Cité | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note