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Grenelle : la montagne ou la souris ?

Publié le 20 septembre 2008 par Fbaillot

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J’avais trouvé l’initiative du Grenelle de l’Environnement très courageuse : réunir toutes les forces en présence et les inviter à un véritable “aggiornamento”, balayer tous les sujets qui doivent permettre de léguer une terre supportable à nos enfants et petits enfants, affirmer vers quoi nous devons aller, quels que soient les sacrifices que nous devrons concéder à notre petit confort. C’était évidemment la bonne marche à suivre. La preuve : les partenaires sociaux, les partis politiques, y compris les écologistes de tous bords, les scientifiques de toutes obédiences s’étaient pliés à la discipline de cette démarche.

Aujourd’hui, certains commencent à regretter leur empressement optimiste de l’époque. Les conclusions du Grenelle de l’environnement se sont vues quelque peu écornées, sur les OGM, et maintenant sur les bonus-malus écologiques. Il faudra pourtant bien se rendre à cette évidence : chacun de nous doit payer en contrepartie de ce qu’il pollue, pour qu’il soit incité à corriger ses mauvaises habitudes, et pour permettre de traiter le mal qu’il aura fait à l’environnement.

J’ai profité de l’actualité pour me plonger dans les conclusions du Grenelle de l’environnement, et notamment dans le discours que le président Sarkozy avait prononcé à cette occasion, le 25 novembre 2007. En voici quelques extraits :

Il faut cesser de concevoir la fiscalité écologique comme un instrument pour financer les dépenses supplémentaires de l’Etat.(…)

Je propose que l’on taxe les camions qui traversent la France et utilisent notre réseau routier (…).

Le Grenelle propose une taxe écologique annuelle sur les véhicules neufs les plus polluants. Je souhaite que cette taxe permette de financer le retrait des vieilles voitures polluantes grâce à une prime à la casse progressive et durable pour aider au rachat d’un véhicule propre.

Et pour être incité à changer de comportement, on n’a rien trouvé de mieux que le système des prix. Aujourd’hui, les prix ne reflètent pas la réalité des pollutions et des raretés. (…)

Je veux poser la question du prix du carbone.(…) Il n’est pas normal qu’un produit coûte moins cher qu’un produit local parce que le prix de son transport et de sa production n’intègre pas ses émissions de gaz à effet de serre.(…)

La fiscalité écologique ne doit pas se résumer à une compilation de petites taxes. Il faut une profonde révision. L’objectif est de taxer plus les pollutions, notamment les énergies fossiles, et de taxer moins le travail

Je suggère au président et à ses conseillers de relire ce discours de novembre 2007. Cela leur évitera de subir la colère, bien légitime à mon humble avis, de Nicolas Hulot : ” Il y a une inertie culturelle crasse. On se gargarise tellement du terme développement durable qu’il finit par me donner la nausée. Quand je vois ceux qui veulent faire un grand prix de F1 aux portes de Paris sous le signe du développement durable, je dis “halte au feu”! Il faut être cohérent, s’insurge-t-il. Je sais bien qu’il y a des résistances au sein même de l’exécutif. On n’a guère entendu Matignon : il y avait du côté du Premier ministre des réticences sur la loi OGM. Elles se reproduisent. Et je ne suis pas étonné qu’un certain nombre de députés et sénateurs, qui ont des préjugés gigantesques sur ces sujets-là, soient dans le refus et le déni. Qu’ils refusent, d’accord, mais qu’ils proposent autre chose.”

” Ce qui n’est pas normal, c’est que plus de 70 % de notre fiscalité porte sur le travail, alors que c’est l’énergie, les impacts environnementaux et les ressources naturelles qu’il faut réguler. Il n’y a pas besoin d’être prix Nobel d’économie pour dire qu’il y a un truc qui ne va pas dans le système.”


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