Magazine Journal intime

Un mec

Publié le 21 septembre 2008 par Lephauste

De conserve avec Perec "je me souviens", je remember, me aquerdo mais pas des même choses. Ce que Pérec, à loisirs, prenait le temps d'observer, ces insignifiances qui font les heures et les minutes d'une vie,  personne ne les verra plus. quelque chose dans l'air sûrement ? Quelque chose d'extra utérin puisque Paris n'est plus un ventre et que ce ventre que la ville était, se retrouve à présent autopsié, ouvert à l'obscénité du tourisme de masse. Luisante ville,  grouillement scénarisé pour une visite guidée en bus panoramique réhaussé d'or mol.

Mais foutritude de tas de cageots empilés au carrefour du boulevard Saint Germain et de la voie lactée, Paris je m'en paluche ! J'y suis né, y ai couru de travers, j'y ai bu, saigné d'amour, roulé mes basques dans les rues sombres et Tsack ! Tout ça n'est plus qu'un carton fort au dos duquel vous écrivez : Sommes bien arrivés ... Avons fait la tour Eiffel, le Louvre, les grands magasins, Notre Dame, le musée d'Orsay ... Et demain ... Pensons bien à vous. Comme si vous aviez fait quoique ce soit qui puisse s'écrire en plus que quelques mots incompréhensibles, au stylo bille sur une carte postale où le soleil se couche, appointé comme un contractuel. Vous n'avez rien fait, vous avez gobé. C'est comme ça qu'on vous aime.

Hier, car voilà bien le sujet de ce billet, j'étais à hauteur d'un autobus, attendant résigné au pire minuscule que le feu passe au vert. sur le panneau latéral, sous les vitres à l'abri desquels rien de notable pour Pérec, une affiche. Un placard en long, au format de la bière d'usage. Dessus, de dos, un mec, un mec en salopette rayée ... Vous y voyez un peu clair ? Vous vous dites : Tiens, une rubrique cinéma sur le blog du mal content ? Ca s'enrichit ! Ca s'étoffe. Que dalle ! Le cinéma j'y vais plus. L'industrie m'a déjà assez ponctionnée la réserve à centimes !

Je me souviens de ma mère, de l'époque où elle travaillait chez le père Després, rue Gay lussac, fleuriste. Je me souviens du jour où à la télévision elle a vue les images des obsèques de Michel Colucci et de cette dame âgée, devant le trou où la boite avait été descendue.

Descendu : Tiens on dirait madame Colucci ? C'était elle, on enterrai son fils, l'homme à la salopette. Et ma mère de dire, dans le vague, avec ses souvenirs : Madame Colucci ? Elle était première vendeuse chez le père Després ! Et Michel, je me souviens bien de lui ! C'est Coluche maman. Ah oui bien sûr, c'est elle ! Je vais lui faire un mot pour lui dire que ... Je me souviens.

Sur l'affiche, la salopette fait comme un papillon rare épinglé au fond d'une boite d'allumettes calcinées. C'est comme ça que nous aimons les papillons. Vivant, ils nous font peur, surtout de nuit.

Maintenant c'est sûr,  Coluche est mort et vous irez le voir le flim (pas de faute de frappe !) et vous vous direz en lisant la phrase d'accroche sur l'affiche que des mecs comme lui, ça manque souvent parfois, toujours. Et dans les soirées vous vous souviendrez d'une époque où Paris n'était pas une boite à bonbons pour vos dents liftées. Une époque dont vous ne garderez qu'un ticket de cinéma en disant : J'y était à la comémo !

"J'arrêterai de faire de la politique le jour où les hommes politique arrêterons nous faire rire !". Ils vous font encore rire les hommes politiques ? Si non, faut le dire à Coluche. peut-être que ça va le faire cesser de bouder contre le pare-choc de la semi remorque.


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