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Bien que le titre soit peut-être un peu "rapide" malgré le conditionnel:
Le manque de soleil serait à l'origine de la sclérose en plaques
La vitamine D est de
plus en plus fréquemment pointée du doigt dans la recherche des facteurs susceptibles d'induire l'apparition de la sclérose en plaques.
La prévalence nettement plus élevée de la maladie dans les pays éloignés de l'équateur, comme le Canada, la Hongrie, la Norvège et l'Allemagne, où durant plusieurs mois de l'année le soleil et ses
rayons ultraviolets ne sont pas suffisamment intenses pour induire la synthèse de vitamine D par la peau, renforce le rôle possible d'une déficience de cette vitamine à l'origine de cette
maladie.
Les résultats d'une étude canadienne qui ont été révélés hier dans le cadre du congrès mondial sur la recherche et le traitement de la sclérose en plaques qui se déroule à Montréal ces jours-ci
étayent cette hypothèse.
«La sclérose en plaques est sans aucun doute une maladie multifactorielle qui met en jeu plusieurs gènes de prédisposition, lesquels ne s'exprimeront qu'en présence de certains facteurs
environnementaux», a souligné le professeur Patrick Vermersch, directeur du département de neurologie de l'Université de Lille en France. Parmi ces facteurs environnementaux, la vitamine D
apparaît comme un candidat de plus en plus plausible.
La doctorante Heather Hanwell, du département des sciences de la nutrition de l'Université de Toronto, s'est appliquée à évaluer la contribution de ce facteur dans l'apparition de la maladie chez
des enfants âgés entre six mois et 16 ans qui avaient subi une perte de myéline, cette substance isolante qui enveloppe les fibres nerveuses et assure par le fait même une transmission efficace des
signaux électriques qu'elles véhiculent.
Rappelons que dans la sclérose en plaques, le système immunitaire détruit cette couche protectrice et que les fibres nerveuses ainsi mises à nu se détériorent peu à peu, occasionnant du coup des
pertes de vision ou de la motricité, selon le site des lésions.
Dans l'étude de Mme Hanwell, il est donc apparu que les sujets qui avaient reçu ultérieurement un diagnostic de sclérose en plaques présentaient des niveaux de vitamine D nettement inférieurs à
ceux relevés chez les enfants n'ayant vécu qu'un épisode de démyélinisation sans lendemain.
«Par ces résultats, on ne peut affirmer qu'une déficience en vitamine D provoque l'apparition de la sclérose en plaques. Il ne s'agit pas d'une relation de cause à effet. Pour l'instant, nous
n'avons observé qu'une association entre la présence de la maladie et des taux très bas de vitamine D», a tenu à préciser Heather Hanwell.
Celle-ci a expliqué qu'en plus de participer à la santé des os en favorisant l'absorption du calcium, la vitamine D exerce un puissant effet sur le système immunitaire. «Or, nous savons que
dans la sclérose en plaques, entre autres choses, le système immunitaire perd son auto-contrôle. C'est pourquoi des taux insuffisants de vitamine D peuvent entraîner une réponse inflammatoire plus
intense. Si notre système immunitaire n'est pas suffisamment actif, nous sommes susceptibles de contracter des infections, mais s'il est trop actif, nous devenons à risque de souffrir de maladies
auto-immunes, comme la sclérose en plaques, dans lesquelles le système immunitaire s'attaque à certains tissus de l'organisme. Or la vitamine D favoriserait peut-être le juste équilibre du système
immunitaire .»
Selon la chercheuse, son étude ne lui permet pas de dire si la prise de suppléments de vitamine D pourrait prévenir l'apparition de la sclérose en plaques
Pauline Gravel