Magazine Humeur

Cernée

Publié le 22 septembre 2008 par Didier T.

La fille de la voisine de ma mère, autrement dit une jeune femme de deux ans mon aînée avec laquelle j’ai joué au docteur voilà bien des années, vient d’accoucher de sa deuxième fille.
La fille d’une autre voisine de ma mère de quatre ans mon aînée et qui m’a donné des cours de mathématiques voilà bien longtemps va accoucher bientôt.
Ma copine d’adolescence L., au mois de décembre dernier (oui décembre 2007) encore inscrite sur Meetic, a décidé de garder l’enfant qu’elle a fait « par accident » (à 30 ans) avec un certain N. Naissance prévue le 4 avril prochain. 
Bref, d’heureux événements.
Bien sûr on me fait déjà le reproche de ne pas faire partie du grand bain de bonheur généralisé qui ne connaît pas la crise. 
Non, je n’ai pas encore signé pour faire don de mon corps à la science ou disons plutôt à la perpétuation de notre si belle espèce humaine.
Car, une fois encore, à quoi bon amener un petit être innocent à découvrir le grand tableau noir de la crise financière mondiale ? A quoi bon lui dire, mon coco, tu vas payer des impôts (oui même si tu vis aux Etats-Unis), alors que tu as déjà du mal à payer à l’heure ton loyer, pour que les riches traders associés (et leurs amis) des banques d’affaires de Wall Street, de la City ou de la Défense, ne deviennent surtout pas moins riches (c’est à dire 150 millions de fois plus riche que toi au bas mot) à cause de transactions bizarres qu’ils auraient durant des années menées avec délectation. 
Alors je sais bien qu’en France en 2008, il est de bon ton ou tellement romantique d’être mère au foyer, ou mère qui travaille mais qui a son mercredi, et de s’extasier bêtement devant la première échographie ou le premier sourire sans dent d’un nourrisson, je sais que c’est extraordinaire de le voir grandir, marcher, fumer son premier pétard, laver ses draps souillés avec des noix d’Amérique Latine, redoubler son CP, insulter son prof de techno, faire une fugue, devenir prêtre, s’inscrire à la star’ac, tout ça je le sais, mais…j’en ai pas envie.
Je pense même qu’il est tout aussi important et surtout beaucoup plus courageux dans cette histoire de passer son tour. J’attends donc avec une grande impatience la ménopause pour enfin avoir la paix. Et si ça ne vient pas assez vite je me ferai stériliser comme un bocal de pêches.
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